Les Occidentaux, inquiets de la dépendance de certains pays en voie de développement vis-à-vis de Pékin, ont mis en place de nouveaux programmes de soutien à ces économies.
Pour contenir l’expansion chinoise, les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) lancent des alternatives aux « nouvelles routes de la soie ». Baptisé « Global Gateway » (« portail mondial »), le programme européen, dévoilé le 1er décembre, va mobiliser 300 milliards d’euros sur six ans dans les domaines du numérique, de la santé, du transport, du climat, de l’énergie ou de l’éducation.
Mais ce sont surtout ses principes de fonctionnement qui ont été mis en avant par la présidente de la Commission européenne. Ursula von der Leyen a insisté sur le « haut niveau de transparence, de bonne gouvernance et de qualité », tout en promettant une « approche guidée par la démocratie et ses valeurs » ainsi que des « conditions justes et favorables, afin de limiter le risque de surendettement ». Autant d’arguments qui reprennent en creux les critiques adressées aux « nouvelles routes de la soie » (Belt and Road Initiative, BRI), sans jamais les nommer, à savoir l’opacité des contrats, les projets à l’impact industriel limité, la corruption des élites et le piège de la dette.
.L’UE veut aussi renforcer son autonomie. Après avoir découvert, pendant la crise liée au Covid-19, qu’elle dépendait des usines chinoises pour ses approvisionnements, elle veut éviter le même sort pour ses infrastructures de transport de marchandises entre les deux continents. Depuis 2013, Pékin a essaimé au moins 3 100 projets de construction d’infrastructures dans plus de 70 pays, de l’Asie à l’Afrique, en passant par l’Europe centrale, l’Arctique et l’Amérique latine. « La Chine conserve un avantage dans une grande partie du Sud, où le ressentiment envers les anciennes puissances coloniales est profond, souligne Jacob Mardell, dans une étude publiée par le centre de réflexion allemand Merics, et, contrairement à l’UE, qui insiste pour faire les choses à sa manière, Pékin est plus agnostique sur les questions de réforme économique et de gouvernance. »
Le Monde Par Julien Bouissou Publié le 13 décembre 2021