Malgré ses nombreuses forêts, le pays peine à entretenir et à mobiliser ses futaies pour en faire un secteur florissant « made in France », capable de répondre aux enjeux climatiques. Le développement des circuits courts sera notamment débattu lors des Etats généraux de la forêt et du bois, qui se tiendront en ligne mardi 13 avril.
Des pans entiers de forêts ont été pillés dans l’Ariège. C’était à la fin du mois de février. Une dizaine de propriétaires ont porté plainte suite au tronçonnage, sans vergogne, de leurs anciennes futaies de chênes et d’épicéas. Vraisemblablement par des bandes organisées. Choquantes, ces coupes rases révèlent une tendance. A savoir que le bois devient une ressource de plus en plus recherchée. Avec sa large superficie forestière, la troisième en Europe, la France recèle un écosystème vivant d’une richesse insoupçonnée. Mais, paradoxe, alors que sa taille a augmenté de 66 % en un siècle depuis 1912, et que l’Hexagone exporte beaucoup de bois, il continue d’importer en nombre des produits transformés. Du papier-carton, des meubles ou des charpentes. Serait en cause, selon la Cour des comptes, l’« insuffisante intégration entre l’amont et l’aval, entre l’offre et la demande de bois », qui se traduit par un déficit commercial croissant de plus de 7 milliards d’euros.(...)
des industriels français se plaignent de voir 25 % au moins des beaux chênes français s’envoler vers la Chine.(...)Mais, au-delà des incertitudes dans l’approvisionnement en bois, l’outil de transformation de l’industrie française reste, de toute façon, en grande partie inadapté aux essences locales. Alors que la forêt est aux trois quarts faite de feuillus, les 1 100 scieries locales restent encore davantage calibrées pour la découpe des résineux. Une inadéquation qui se double d’un manque de compétitivité en Europe et d’une difficulté à rivaliser, dans la transformation du bois – malgré les coûts de transports –, avec la main-d’œuvre asiatique.
Par Marjorie Cessac Le Monde
L'agriculture développée en forêt par les Hmong est d'un type particulier. Réfugiés du Laos en guerre dans les années 1970, ils se sont installés au cœur de la forêt dans deux petits villages isolés : Cacao et Javouhey. Grâce à un travail agraire acharné et intensif, les Hmong fournissent des légumes et des fruits frais sur les marchés guyanais. Les cultivateurs Hmong ont démontré que l'espace forestier pouvait être fortement productif tout en s'affranchissant des contraintes de la mise en jachère, sans doute au prix d'intrants phytosanitaires en quantité importante. Ce succès économique a facilité l'intégration sociale de cette communauté.
La forêt guyanaise peut être, ponctuellement, exploitée de façon intensive. On peut classer les activités pratiquées en deux grandes catégories : premièrement, une exploitation des ressources s'intégrant dans une économie monétaire et deuxièmement, une exploitation de type traditionnel ou vivrier. Avec une pression démographique qui tend à augmenter, l'espace forestier, à proximité immédiate des villages, se réduit et se mite : mitage ponctuel (par exemple par les exploitations aurifères), auréolaire (abattis autour des villages), linéaire (installation de populations le long des fleuves ou le long de la nouvelle route Régina - Saint-Georges
La Guyane est le seul département français où la terre est presque exclusivement domaine de l'État qui la cède sous forme de baux emphytéotiques de trente ans. Il peut aussi attribuer des concessions provisoires d'une surface d'environ 5 hectares en général. Leur concessionnaire peut en devenir propriétaire au bout de 5 ans s'il en a réalisé la mise en valeur agricole. Dans les zones habitées par les Amérindiens, il existe un droit d'usage collectif, faire-valoir direct lié à la communauté des habitants. Mais la pratique d'exploitation des terres sans titre est courante.
L'ONF, qui gère 90% des forêts du département, a délimité une cinquantaine de massifs forestiers, d'une surface moyenne de 11 000 hectares, dans le nord de la Guyane. Les forêts aménagées de la frange côtière, sur une faible superficie du total (481 000 ha, environ 6% de la surface totale boisée), sont inaliénables et consacrées en priorité à la production de bois. L'Office accorde un permis d'exploitation à des sociétés concessionnaires qui choisissent les grumes qu'elles souhaitent couper. Ces sociétés possèdent une importante marge de manœuvre et d'indépendance. La production de bois, organisée dans des filières pas toujours bien structurées, pâtit de l'étroitesse du marché local mais surtout des surcoûts liés aux prix élevés du matériel et de la main d'œuvre : la départementalisation de 1946 et l'application aux entreprises des lois et règlements français en matière salariale, rendent les coûts de production beaucoup plus élevés qu'au Brésil voisin ou que dans d'autres pays africains.Les problèmes de d'accès à la ressource, de logistique sont également dissuasifs.