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Thème 1 DEMOCRATIE
AXE 2 Avancées et reculs des démocraties

En Espagne, la mémoire des victimes du franquisme déchire le Parlement

Une loi réhabilitant la mémoire des victimes de la guerre civile et de la dictature franquiste oblige désormais l'Etat à prendre en charge l'ouverture des fosses communes et la recherche des disparus.

La Loi de Mémoire démocratique, adoptée au Parlement le 14 juillet dernier,(2022)Présentée sur proposition des socialistes, elle vise la réhabilitation des victimes et obligera l'Etat à prendre en charge les exhumations de fosses communes et la recherche des restes de plus de 100.000 disparus, afin de permettre aux familles d'enterrer leurs morts dignement. «L'Histoire ne peut pas se construire sur la base de l'oubli et du silence des vaincus», dit le préambule du texte, qui vient compléter une première loi de 2007 interdisant l'exaltation du fascisme. Elle reconnaissait déjà la mémoire et la dignité de ceux qui avaient été victimes de la guerre civile et de la dictature, jusqu'à la mort de Franco (1975) et l'établissement d'une constitution démocratique (1978).[...]« La loi a été adoptée en première lecture à l'issue d'un débat orageux », raconte «El Pais», en décrivant les tensions dans l'hémicycle. Fortement critiqué par la droite, qui estime qu'il ne sert à rien de remuer les rancoeurs, le texte est passé avec 173 voix pour, 159 contre et 14 abstentions, grâce au soutien des petits partis de gauche. Les associations de victimes du franquisme le trouvent trop timide car il évite de parler des bourreaux et de demander des comptes à ceux qui ont profité à plein des faveurs du régime en spoliant les familles républicaines.

Les Echos , Cecile Thibaud , 18 juillet 2022

 
 
 
La Guerre civile espagnole - La Grande Explication | Lumni
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Madrid, 17 juillet. - Au cours de la séance des Cortès de mardi prochain, le général Franco lira aux députés un message relatif à l'article 6 de la loi de succession, selon lequel le chef de l'État " peut proposer aux Cortès, au moment jugé opportun, la personne qui, selon lui, doit être appelée un jour à lui succéder comme roi ou comme régent ". Les Cortès doivent, selon la Constitution, ratifier la proposition du chef de l'État, mais personne ne semble douter à Madrid de leur accord.(...)Il a deux semaines, la désignation de Don Juan Carlos comme successeur de Franco était considérée comme imminente dans les milieux politiques, mais " l'opération " devait être remise, semble-t-il, au mois d'octobre.La nouvelle a donc provoqué une certaine surprise tant à Estoril, résidence de Don Juan, qu'à Madrid

Roi ou régent ?

Il semble que la décision ait été prise samedi dernier au palais du Pardo à l'issue d'un entretien entre le général Franco et l'amiral Carrero Blanco. M. Iturmendi, président des Cortès, était présent. Ces derniers se rendaient ensuite au palais de la Zarzuela, résidence du prince. Celui-ci accepta la " proposition " qui lui était faite.

Le général Franco désignera-t-il le prince comme successeur en qualité de "roi " ou en qualité de " régent " ? Ceci pourrait dépendre de la réponse que Don Juan fera à la lettre adressée par le chef de l'État. Le Caudillo aurait fait allusion à une possible " abdication ", rappelant à Don Juan le patriotisme de son père. Le roi Alphonse XIII avait abdiqué, en effet, en 1931 lors de la proclamation de la République Si Don Juan se rangeait à cet avis, Don Juan Carlos aurait la légitimité dynastique et la légitimité du régime.

Le prince Don Juan Carlos ne représenterait pas seulement la monarchie instaurée par Franco et dont la légitimité est née du soulèvement militaire du 18 juillet 1936 contre la République, mais aussi le secteur qui souhaite, au sein même de la "continuité " franquiste, une certaine " évolution ".

Laplupart des Espagnols manifestent la plus complète indifférence pour la monarchie. La grande majorité des antifranquistes sont républicains, et au sein du système on compte d'autres groupes hostiles : carlistes, qui soutiennent la " candidature " de Xavier de Bourbon Parme, et phalangistes, qui souhaitent " une République syndicale ".

le Monde , 18 juillet 1969

Pourquoi la tombe de Franco divise les Espagnols
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Espagne : avec la loi de "mémoire démocratique", les victimes de la dictature franquiste réhabilitées
C'est une victoire pour les victimes de la dictature en Espagne : 50 ans après la mort de Franco, une loi met fin au "silence des vaincus".
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Trente ans après la fin de la guerre civile, la nomination du prince Don Juan Carlos comme successeur mettrait le point final à une opération politique menée avec habileté par l'amiral Carrero Blanco, vice-président du gouvernement et éminence grise du régime, et par M. Lopez Rodo, ministre du plan de développement. Tandis que Don Juan de Bourbon, père de Don Juan Carlos, fils du dernier roi d'Espagne et éternel prétendant au trône, s'éloignait depuis deux ans chaque jour davantage du pouvoir, son fils, élevé en Espagne et choyé par le régime,a brûlé les étapes pour s'identifier avec celui-ci. Il y a à peine un an, le prince déclarait publiquement que la légitimité monarchiste " naissait des lois du régime ", et non pas exclusivement de celles du sang. Son père est en revanche demeuré un farouche défenseur de la légitimité dynastique en vertu de laquelle il estime que la couronne devrait lui revenir. Rappelons d'autre part que les princes français de Bourbon Parme, prétendants carlistes, ont été expulsés d'Espagne en décembre 1968.
Le Monde 18 juillet 1969