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Des inégalités qui persistent
 
De l'éducation des femmes | BNF ESSENTIELS
De l'éducation des femmes Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou de l'Éducation, 1762 Dans l'Émile, Rousseau consacre les quatre premiers livres à décrire l’éducation idéale d’un jeune garçon. Le dernier livre traite de l’éducation des filles à partir du cas de Sophie, éduquée pour devenir l’épouse idéale d’Émile. Faites-en une honnête femme, et soyez sûre qu’elle en vaudra mieux pour elle et pour nous. S’ensuit-il qu’elle doive être élevée dans l’ignorance de toute chose, et bornée aux seules fonctions du ménage ? L’homme fera-t-il sa servante de sa compagne ? Se privera-t-il auprès d’elle du plus grand charme de la société ? Pour mieux l’asservir l’empêchera-t-il de rien sentir, de rien connaître ? En fera-t-il un véritable automate ? Non, sans doute ; ainsi ne l’a pas dit la nature, qui donne aux femmes un esprit si agréable et si délié ; au contraire, elle veut qu’elles pensent, qu’elles jugent, qu’elles aiment, qu’elles connaissent, qu’elles cultivent leur esprit comme leur figure ; ce sont les armes qu’elle leur donne pour suppléer à la force qui leur manque et pour diriger la nôtre. Elles doivent apprendre beaucoup de choses, mais seulement celles qu’il leur convient de savoir. Soit que je considère la destination particulière du sexe, soit que j’observe ses penchants, soit que je compte ses devoirs, tout concourt également à m’indiquer la forme d’éducation qui lui convient. La femme et l’homme sont faits l’un pour l’autre, mais leur mutuelle dépendance n’est pas égale : les hommes dépendent des femmes par leurs désirs ; les femmes dépendent des hommes et par leurs désirs et par leurs besoins ; nous subsisterions plutôt sans elles qu’elles sans nous. Pour qu’elles aient le nécessaire, pour qu’elles soient dans leur état, il faut que nous le leur donnions, que nous voulions le leur donner, que nous les en estimions dignes ; elles dépendent de nos sentiments, du prix que nous mettons à leur mérite, du cas que nous faisons de leurs charmes et de leurs vertus. Par la loi même de la nature, les femmes, tant pour elles que pour leurs enfants, sont à la merci des jugements des hommes : il ne suffit pas qu’elles soient estimables, il faut qu’elles soient estimées ; il ne leur suffit pas d’être belles, il faut qu’elles plaisent ; il ne leur suffit pas d’être sages, il faut qu’elles soient reconnues pour telles ; leur honneur n’est pas seulement dans leur conduite, mais dans leur réputation, et il n’est pas possible que celle qui consent à passer pour infâme puisse jamais être honnête. L’homme, en bien faisant, ne dépend que de lui-même, et peut braver le jugement public ; mais la femme en bien faisant, n’a fait que la moitié de sa tâche, et ce que l’on pense d’elle ne lui importe pas moins que ce qu’elle est en effet. Il suit de là que le système de son éducation doit être à cet égard contraire à celui de la nôtre : l’opinion est le tombeau de la vertu parmi les hommes, et son trône parmi les femmes. De la bonne constitution des mères dépend d’abord celle des enfants ; du soin des femmes dépend la première éducation des hommes ; des femmes dépendent encore leurs mœurs, leurs passions, leurs goûts, leurs plaisirs, leur bonheur même. Ainsi toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des femmes dans tous les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dès leur enfance. Tant qu’on ne remontera pas à ce principe, on s’écartera du but, et tous les préceptes qu’on leur donnera ne serviront de rien pour leur bonheur ni pour le nôtre. , > Rousseau, Émile, ou de l'Éducation, 1762> Texte intégral : Paris, . Bry aîné, 1856
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Promouvoir le droit des filles à l'éducation en Afrique subsaharienne
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Fondée en 1945, l'ONG internationale CARE est l'un des plus grands réseaux d'aide humanitaire au monde, apolitique et non confessionnel. Son objectif est de lutter contre l'extrême pauvreté et de défendre l'accès aux droits fondamentaux.
De nombreuses filles n'ont pas la chance d'aller à l'école ou de terminer leur scolarité. Plusieurs raisons à cela : au sein de la famille déjà, les filles doivent assumer une part importante des travaux ménagers […].C'est lié à leur statut social : dans de nombreuses parties du monde, la norme considère que seuls les hommes doivent bénéficier d'une éducation, car ce sont eux qui font vivre la famille. Surtout qu'avec les mariages précoces, la fille quitte sa famille pour celle de son mari. Et la pauvreté est aussi un élément crucial : s'ils sont pauvres, les parents n'auront pas les moyens de dépenser pour la scolarisation des filles.
Malheureusement,il existe peu de programmes en faveur des jeunes femmes illettrées de 15 à 24 ans, celles qui sont sorties du système. Elles sont les grandes oubliées des actions d'éducation. […] C'est une grave injustice. Alors que la pauvreté recule dans le monde, l'illettrisme des femmes reste stable, accentuant les inégalités sexuées. Pourtant, c'est le destin de ces jeunes femmes qui est en jeu : l'éducation ouvre la porte de l'autonomie sociale et financière, tout en renforçant la confiance en soi. L'éducation est donc le premier pas pour lutter contre la pauvreté ainsi que contre les inégalités.
Philippe Lévêque, directeur de CARE, FranceCarefrance.org, 27 février 2018.
 
 
Afghanistan : les Taliban interdisent finalement aux filles de reprendre l'école • FRANCE 24
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Agrégé de philosophie, Ferdinand Buisson (1841-1932) s’intéresse très tôt à la pédagogie. Il est directeur de l’enseignement primaire entre 1879 et 1896. Il publie en 1887 son célèbre Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire. Il est cofondateur de la Ligue des droits de l’Homme en 1898 et reçoit le prix Nobel de la paix en 1927.
À l’origine, c’est la nécessité qui l’impose dans les endroits peu peuplés, là où les enfants sont trop peu nombreux pour qu’il soit possible d’avoir des écoles séparées. Là même où il n’y a pas nécessité absolue, le mélange des sexes permet soit de réaliser d’importantes économies, soit d’obtenir une meilleure distribution des enfants : par exemple, si une localité peut avoir un instituteur et une institutrice, on confiera au premier les enfants les plus avancés, à la seconde la classe enfantine, au lieu de les diviser en garçons et en filles. [...] Les objections morales seraient en France les plus sérieuses : elles sont presque nulles aux États-Unis. Au contraire, ce sont des raisons morales qu’on invoque pour défendre le régime de l’école mixte. Les Américains pensent qu’en apprenant à se connaître et à se voir de bonne heure, les enfants évitent les inconvénients que présente ailleurs le moment où ils entrent dans la vie : ils estiment que les jeunes gens gagnent ainsi en moralité, en douceur, en générosité, que les jeunes filles prennent plus de sérieux, de sang-froid, de raison, sans rien perdre – au contraire – en retenue et, en modestie. « Dans les campagnes surtout, disent-ils, où les élèves sont frères et sœurs, cousins ou voisins, les influences bienfaisantes de la famille se continuent à l’école; les élèves plus forts ou plus âgés protègent et conseillent ceux qui sont plus jeunes ou plus faibles. Sous ce régime simple et salutaire, les garçons deviennent moins rudes et moins grossiers, les filles acquièrent plus de courage et de franchise. Les jeunes gens sont à l’école de cinq à six ans jusqu’à seize ans au moins, moment où commencent les devoirs de la vie active. » Ferdinand BUISSON, Dictionnaire de pédagogie, 1886

Jules Ferry, député républicain, prononce un discours sur l'importance de l'éducation des femmes.
Du moment où les femmes auront droit à une éducation complète, semblable à celle des hommes, leurs facultés se développeront, et l'on s'apercevra qu'elles les ont égales à celles des hommes. Mon Dieu, mesdames, si je réclame cette égalité, c'est bien moins pour vous que pour nous, hommes. […] À quoi bon ? Je pourrais répondre : à élever vos enfants, et ce serait une bonne réponse, mais comme elle est banale, j'aime mieux dire : à élever vos maris […]. Au lieu du foyer déserté, ce serait le foyer éclairé, animé par la causerie, embelli par la lecture […]. Condorcet l'avait bien compris, et il disait : que l'égalité d'éducation ferait de la femme de l'ouvrier, en même temps que la gardienne du foyer, la gardienne du commun savoir […]. Aujourd'hui, il y a une lutte sourde mais persistante entre la société d'autrefois, l'ancien régime avec son édifice de regrets, de croyances et d'institutions qui n'acceptent pas la démocratie moderne, et la société qui procède de la Révolution française […]. Or, dans ce combat, la femme ne peut pas être neutre […]. Les évêques le savent bien : celui qui tient la femme, celui-là tient tout, d'abord parce qu'il tient l'enfant, ensuite parce qu'il tient le mari […]. C'est pour cela que l'Église veut retenir la femme, et c'est aussi pour cela qu'il faut que la démocratie la lui enlève ; il faut que la démocratie choisisse, sous peine de mort ; il faut choisir, Citoyens : il faut que la femme appartienne à la Science, ou qu'elle appartienne à l'Église.
Jules Ferry (1832-1893), discours sur l'égalité d'éducation, conférence prononcée à Paris, le 10 avril 1870