Enjeu de la connaissance THGGSP

AXE 1 PRODUIRE & DIFFUSER DES CONNAISSANCES

Jalon 2 : Produire de la connaissance scientifique : recherche et échange des hommes et des femmes de science sur la question de la radioactivité de 1896 aux années 1950

[Histoire des sciences] La découverte de la radioactivité
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Sujet : En quoi la recherche autour de la radioactivité témoigne-t-elle des enjeux et des limites de la collaboration scientifique ?

Tho-radia, crème au thorium et au radium, un cosmétique radioactif - Musée Curie
Cultiver l'engouement suscité par la découverte du radium : le succès commercial et publicitaire d'une marque de cosmétique radifère Tho-Radia
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Dans l'esprit des dirigeants de l'après-Seconde Guerre mondiale, il faut éviter la guerre parce qu'elle serait apocalyptique, et nul ne songe encore que c'est justement parce qu'elle serait apocalyptique qu'elle ne sera pas. Cette idée de tuer la guerre par la peur de la destruction totale n'est pas encore née. […] Avec l'arme nucléaire, la dissuasion va prendre une autre forme plus radicale. Selon Henry Kissinger, la dissuasion est la tentative faite pour empêcher l'adversaire d'adopter une certaine ligne d'action en lui opposant des risques qui lui paraissent sans commune mesure avec les gains escomptés. L'arme nucléaire rend en effet la guerre impossible parce que non gagnable. […] L'angoisse de la guerre nucléaire devint à la fois celle de voir l'adversaire appuyer sur le bouton et celle de voir ses propres dirigeants céder à la paranoïa. […] La première moitié de la guerre froide fut une véritable période de prolifération nucléaire, sauvage et sans garde-fou. […] C'est ainsi que, de deux, le nombre de puissances nucléaires passe, en l'espace de quelques années, à cinq et que d'autres pays se lancèrent dans des programmes, avant que ne s'engagent des efforts multilatéraux en vue d'interdire, et de limiter le nombre d'États dotés de l'arme nucléaire. […] Si la guerre froide n'a pas dégénéré en réel conflit armé et direct entre les deux principales puissances, c'est bien grâce à la capacité de destruction des armes nucléaires.

Pascal Boniface, Le monde nucléaire. Arme nucléaire et relations internationales depuis 1945, Odile Jacob, 2006.

Staline , le projet Manhattan et la Bombe
Staline est vite informé de l'existence du projet Manhattan,mais il se contente de lancer un modeste programme nucléaire en 1943 […]. Il ne semble pas non plus mesurer la portée de l'information que lui fait transmettre, au début juillet 1945, l'espion Klaus Fuchs. Ce physicien allemand, qui participe au projet top secret américain, l'avertit de l'imminence d'un premier essai nucléaire […]. Il va falloir le bombardement d'Hiroshima, le 6 août, pour qu'il se rende enfin compte de la puissance incroyable de la bombe atomique. […] Dès lors, Staline met la pression sur le responsable du programme nucléaire Igor Kourtchatov, lui assignant une unique mission : fournir l'arme atomique à l'URSS. […] Ce « politburo atomique » peut […] exploiter les forces vives des sites industriels du Goulag, soit 190 000 détenus au début 1946, et compte sur une équipe de chercheurs très compétents mais en nombre bien insuffisant. Ils vont alors agir comme les Américains pour recruter des spécialistes en Allemagne […] . De 1945 à 1955, ce ne sont pas moins de 300 savants allemands qui vont travailler au programme nucléaire soviétique. […] Le NKVD recrute aussi des milliers de techniciens. […]. Emmenés par trains entiers, avec familles, bagages et parfois mobilier, ils sont répartis sur divers sites scientifiques soviétiques, où les attendent des logements plutôt confortables et des salaires attrayants. Le 29 août 1949 explosait la première bombe atomique soviétique. La plupart de ces scientifiques rentreront en Allemagne de l'Est entre 1953 et 1957.

Pascal Fleury, « Comment Staline s'est doté de la bombe », La liberté, 20 février 2016

L'Appel de Stockholm
Lancé en pleine guerre froide par le Mouvement mondial des partisans de la paix, d'inspiration communiste et réunissant des intellectuels des deux blocs, l'appel de Stockholm exprime l'inquiétude de personnalités connues, Frédéric Joliot-Curie, Pablo Picasso, Louis Aragon… face à la menace de l'armement atomique. Il recueille 150 millions de signatures.

Nous exigeons l'interdiction absolue de l'arme atomique, arme d'épouvante et d'extermination massive des populations. Nous exigeons l'établissement d'un rigoureux contrôle international pour assurer l'application de cette mesure d'interdiction. Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n'importe quel pays, l'arme atomique, commettrait un crime contre l'humanité et serait à traiter comme criminel de guerre. Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel.

Extrait de l'appel de Stockhlom, 19 mars 1950.
Albert Einstein joint cette lettre au dossier sur les recherches nucléaires qu'il adresse au président américain Franklin D. Roosevelt.

Il est devenu possible d'envisager une réaction nucléaire en chaîne dans une grande quantité d'uranium, laquelle permettrait de générer beaucoup d'énergie. […]
Ce fait nouveau pourrait aussi conduire à la réalisation de bombes, et l'on peut concevoir que des bombes d'un genre nouveau et d'une extrême puissance pourraient être construites. […] Devant cette situation, vous souhaiterez peut-être disposer d'un contact permanent entre le gouvernement et le groupe des physiciens qui travaillent en Amérique sur la réaction en chaîne […]. J'ai appris que l'Allemagne vient d'arrêter toute vente d'uranium extrait des mines de Tchécoslovaquie dont elle s'est emparée. Le fils du vice-ministre des Affaires étrangères allemand, Von Weizsäcker, travaille à l'Institut Kaiser Wilhelm de Berlin, où l'on a entrepris de répéter des expériences américaines sur l'uranium.
Lettre d'Albert Einstein, 2 août 1939.

Nous,hommes de science, dont la destinée tragique a été d'aider à créer des procédés d'anéantissement plus affreux et plus efficaces, nous devons considérer comme notre devoir solennel et suprême de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher que ces armes soient employées à atteindre le but inhumain pour lequel elles ont été inventées. Quelle tâche pourrait être plus importante pour nous ? […] C'est pour cela que nous devons construire des ponts spirituels et scientifiques reliant entre elles les nations du monde.

Extraits du message adressé au Congrès des intellectuels pour la paix, Wroclaw, 25-28 août 1948. Albert Einstein, Conceptions scientifiques, morales et sociales, Flammarion, 1952.
La coopération internationale devient une méthode de travail

En 1938, le chercheur italien Enrico Fermi reçoit le prix Nobel de chimie pour « sa découverte de nouveaux éléments radioactifs ». Seulement voilà, Fermi s'est trompé et il a eu le prix Nobel pour la découverte de deux éléments imaginaires… L'histoire illustre à merveille la manière dont la science se trompe, se corrige et, ce faisant, s'améliore. Le 12 décembre, Fermi reçoit son prix à Stockholm. Il en profite pour fuir aux États-Unis, la situation de son épouse, qui est juive, étant de plus en plus précaire dans l'Italie mussolinienne. Une semaine plus tard, le chimiste allemand Otto Hahn, qui a, avec Fritz Strassmann, reproduit l'expérience de Fermi, envoie ses résultats à sa consœur Lise Meitner. Lise Meitner discute avec son neveu, le physicien Otto Frisch, de la possibilité théorique qu'un noyau d'uranium se brise pour donner des noyaux plus légers. Ils écrivent un article en ce sens qui sera publié en février 1939 : ce qu'avait réalisé Enrico Fermi sans le comprendre, c'était la première expérience de fission nucléaire ! Dès qu'il apprit la découverte de Hahn et Strassmann, début 1939, il modifia son discours de réception du prix, preuve d'une grande honnêteté intellectuelle. Les deux chercheurs allemands reçurent le Nobel de chimie 1944 pour la fission nucléaire (Lise Meitner étant scandaleusement oubliée dans l'histoire). Ce dernier réalisa la première pile atomique en 1942, c'est-à-dire la première réaction nucléaire en chaîne contrôlée de l'histoire.
Pierre Barthélémy, « Il y a 75 ans, le Nobel de physique récompensait… une incroyable erreur », Le Monde, le 6 octobre 2013.
Grande Guerre : Marie Curie au secours de la "brave petite Belgique"
Une exposition organisée en Belgique lève le voile sur une période méconnue de la vie de Marie Curie. Pendant la Grande Guerre, la célèbre scientifique a sauvé de nombreux soldats en créant des véhic…
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