De  sa  propre  initiative, Vichy  impose,  dans  les  deux zones, les « statuts des Juifs » des 3 octobre 1940 et 2 juin 1941 qui interdisent à ceux, dont deux des grands-parents  étaient  considérés  de  «  race  juive  », l'exercice de presque toutes les professions (emplois dans la fonction  publique, professions  libérales  et  commerciales). Dans la zone dite « libre », il organise l'internement des Juifs étrangers dans des camps insalubres comme ceux de Gurs, Les Milles, Noé, etc. A Paris, les premières arrestations (mai, août et décembre  1941)  visent  exclusivement  les  hommes juifs (étrangers et français). Ces rafles sont organisées par les forces de police française et allemande.  Les victimes sont  internées par milliers aux camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret), Drancy et Compiègne.
Les  autorités  allemandes  obtiennent  également  de  Vichy  la  création  d'un  Commissariat général aux questions juives (CGQJ) destiné à organiser la spoliation des Juifs, leur ségrégation et à faciliter, par la suite, leur déportation « vers l'est ». La  première  déportation  de  France  à  destination  d'Auschwitz  a  lieu  le  27 mars 1942. A partir du 7 juin 1942, une ordonnance allemande impose à tout Juif de zone occupée le port de l'étoile jaune cousue sur ses vêtements et ce, dès l'âge de six ans révolus. Imposées par l'occupant mais mises en œuvre par l’État français, les rafles des 16 et 17 juillet 1942 - appelées la rafle du Vel' d'Hiv' - marquent un tournant décisif dans l'application de la « Solution finale de la question juive » en France. Ces rafles visent les Juifs étrangers. À Paris et sa banlieue, ce sont 12 884 personnes qui sont arrêtées par la police française. Parmi elles, figurent 4 051 enfants de 2 à 16 ans dont plus de 3 000 nés en France et de nationalité française. Parallèlement, les enfants font l'objet de tractations entre les autorités de Berlin et celles de Vichy.  Les  familles  sont  transférées  dans  les  camps de Beaune-la-Rolande et Pithiviers (Loiret) d'où les parents seront déportés les premiers avec leurs enfants adolescents et nés à l'étranger. Trois mille enfants en bas âge, séparés de force de leurs parents, seront transférés à Drancy deux semaines plus tard dans des conditions lamentables, et mélangés à des adultes pour faire croire qu'il s'agit de déportation de familles et non d'enfants isolés. Six convois les ont emportés entre les 17 et 28 août 1942. Aucun enfant n'est revenu. D'autres rafles massives de centaines de familles juives ont lieu en province, en zone occupée, en juillet et octobre 1942. Par ailleurs, dès les premiers jours d'août 1942, Vichy livrera d'abord les Juifs étrangers et apatrides, alors internés dans les camps de la zone libre et transférés à Drancy, puis ceux arrêtés  lors  de  la  grande  rafle  de  la  zone  sud, le  26  août. Au total ces 10 000 victimes seront les seuls Juifs arrivés à Auschwitz en provenance d'un territoire où il n'y avait pas d'Allemands.
 S karlfeld , expositions-enfants-Juifs-deportes-de-France.