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Je voudrais brièvement évoquer ici certains problèmes posés par l'écriture spécifique d'un événement comme l'extermination des Juifs d'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans ces territoires, le génocide a été perpétré par les nazis non pas dans des camps, mais en majorité sur place : dans des ravins ou des fosses communes improvisées auprès des villes et des bourgades. L'expression « littérature des ravins » vise donc à se distinguer de l'expression « littérature concentrationnaire », telle qu'elle a été formée et pensée en Occident. La moitié des victimes de la Shoah a été assassinée en territoire soviétique et le génocide des Juifs a été proscrit de l'historiographie soviétique jusqu'à la Perestroïka.
Mais des textes littéraires sur la Shoah ont continué à voir le jour. La littérature a cherché à combler les non-dits et les vides de l'histoire. Certains textes n'ont été publiés qu'une seule fois, d'autres apparaissaient miraculeusement, même pendant les années les plus noires de la répression.
La littérature de la Shoah est une réponse au crime génocidaire, mais dans le cas de l'URSS, elle est une réponse à un double crime : l'assassinat du peuple juif puis celui de la mémoire du génocide. En URSS, la mémoire assassinée devient elle-même le sujet du témoignage.
Assia Kovriguina, « La littérature des ravins », Fabula, 28 septembre 2013.
Imre Kertész (1929-2016), écrivain hongrois né à Budapest et déporté à Auschwitz à l'âge de 15 ans, a consacré son œuvre à cette expérience. Auteur de Être sans destin ou Kadish pour un enfant qui ne naîtra pas,il reçoit le prix Nobel de littérature en 2002 « pour une œuvre qui dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire ».
Une seule question me travaillait : qu'avais-je encore en commun avec la littérature ? Car il était clair qu'une ligne infranchissable me séparait de la littérature et de ses idéaux, de son esprit, et cette ligne – comme tant d'autres choses – s'appelle Auschwitz. Quand on écrit sur Auschwitz, il faut savoir que, du moins dans un certain sens, Auschwitz a mis la littérature en suspens. À propos d'Auschwitz, on ne peut écrire qu'un roman noir ou, sauf votre respect, un roman-feuilleton dont l'action commence à Auschwitz et dure jusqu'à nos jours. Je veux dire par là qu'il ne s'est rien passé depuis Auschwitz qui ait annulé Auschwitz, qui ait réfuté Auschwitz. Dans mes écrits, Auschwitz n'a jamais pu apparaître au passé.
Imre Kertész, L'Holocauste comme culture, Actes Sud, 2009.

FRITZ BAUER, UN HEROS ALLEMAND - BANDE ANNONCE VOSTF
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