La nature a englouti les cheminées d’usine et les carcasses de bâtiments aux abords de Vratsa, à deux heures de route au nord de la capitale bulgare Sofia. Le fantôme de Himko, l’ancien empire agrochimique de l’époque communiste, rappelle combien la ville prospérait avec son industrie jusque dans les années 1980. La Bulgarie était alors l’un des pays les plus industrialisés de l’Europe de l’Est avant de s’effondrer au début des années 1990. Depuis, un tiers des 75 000 habitants de Vratsa ont quitté les lieux pour refaire leur vie à Sofia ou à l’étranger. De l’autre côté de la route, un immense panneau étoilé avertit que l’Union européenne veille au rétablissement de la ville, des dizaines de millions de leva à l’appui, mais aussi de la région pauvre de Severozapaden (nord-ouest), et même de l’ensemble de la Bulgarie, dernier des 28 États membres en termes de niveau de vie. Pour tenter d’y remédier, 12 milliards d’euros du budget européen de cohésion sont destinés au pays pour la période 2014-2020, soit près de 1 400 euros par habitant.À chaque coin de rue de Vratsa, le regard croise les mêmes douze étoiles d’or sur fond bleu, montrant à quel point la ville, pour se redresser, s’appuie sur des béquilles européennes.
Marie Verdier, « À Vratsa, en Bulgarie, l’Europe est au coin de la rue », La Croix, avril 2019.