« Nos parents se plaignaient sans cesse de l’appauvrissement de l’Allemagne… Nous entendions toujours les adultes parler de tel ou tel de leurs amis qui avait perdu son emploi et ne savait plus comment faire vivre sa famille. On comptait à la fin six millions de chômeurs. (…) Mes parents imputaient tout cela aux réparations que l’Allemagne devait payer à ses anciens adversaires, ainsi qu’à la perte des zones industrielles allemandes [en vertu du traité de Versailles]. On ne parlait, pas en revanche, des conséquences de la grande crise économique qui était durement ressentie partout, pas seulement en Allemagne, au début des années 1930. Tous nos aux venaient du désastre national de Versailles. (…) On entendait sans cesse répéter que l’une des raisons de ce triste état de choses était l’influence grandissante des Juifs. (…) Les adultes nous enseignaient que les Juifs étaient mauvais, qu’ils faisaient cause commune avec les ennemis de l’Allemagne.
Parmi les misères dont se plaignaient les adultes, il y avait le chômage. Les nazis promirent de supprimer le chômage et la misère, et je les crus.
Melita Maschmann, Ma jeunesse au temps du nazisme, 1963