Les inégalités de genre sont particulièrement criantes dans la sphère professionnelle où les femmes sont majoritaires dans les emplois précaires et mal rémunérés, notamment dans le secteur du soin – l’éducation, la santé, le travail social, l’aide à la personne ou le nettoyage – alors que ces sont des emplois essentiels. Dans le monde, 2/3 des personnes qui travaillent dans le secteur du soin sont des femmes. Ce chiffre atteint même 3/4 dans les pays de l’OCDE. Cela explique pourquoi des millions de femmes se retrouvent enfermées dans la pauvreté, avec peu de perspective d’en sortir.
Même constat en France ! Les hommes gagnent 24,4% de plus que les femmes selon une étude de l’INSEE (juin 2021). A poste et compétences égales, l’écart de salaire est de 9%. Ces inégalités s’expliquent principalement par la place des femmes dans le marché de l’emploi : les femmes sont concentrées dans 12 familles professionnelles, dévalorisées financièrement et socialement, où les qualifications et la pénibilité ne sont pas reconnues. Les assistant-e-s maternelles, les employé-e-s de maisons, aides à domicile et aides ménagères, les secrétaires et secrétaires de direction demeurent à plus de 95 % des femmes. Ce sont aussi des secteurs où les emplois sont précaires : les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Plus d’une femme sur quatre occupe un emploi à temps partiel contre moins d’un homme sur 10 (source DARES).
L’OCDE a par exemple récemment illustré que le salaire moyen d’un.e aide-soignante français.e était parmi les plus bas d’Europe : près de 5% en deçà du salaire moyen français, contre 30% supérieur en Espagne. Et Oxfam a calculé qu’en 2018, le PDG du groupe Sanofi gagnait ainsi plus de 343 fois le salaire moyen d’une aide-soignante française.
Les femmes sont aujourd’hui encore sous-représentées parmi les ingénieur-e-s et les cadres techniques d’entreprise (23,2%), dans la construction et les travaux publics (19%) et dans l’armée, la police, les pompiers (14%). Les femmes sont aussi moins présentes sur des postes à responsabilités : elle représentent seulement 42% des cadres, et 29% des PDG, selon l’INSEE. Elles ne sont que 27% à siéger dans les comités exécutifs des 120 plus grandes entreprises françaises où les inégalités de genre dans les instances de décision sont encore importantes.
Les préjugés sexistes sont responsables des discriminations à l’égard des femmes sur le marché du travail. Les employeurs ont tendance percevoir les femmes tout comme « des mères », naturellement douées pour les tâches de soin et in fine cantonnées dans les métiers les moins valorisés et moins rémunérés. Les employeurs vont avoir tendance à privilégier l’embauche des hommes pour des postes à responsabilité, notamment du fait de la plus longue absence des femmes en congé maternité (16 semaines pour les femmes contre 25 jours pour les hommes). Cette discrimination est lourde de conséquences sur les évolutions de carrières des femmes, explique une partie des inégalités salariales et contribue fortement à un inégal partage des tâches familiales.
L’inégal partage du travail domestique et de soin entre les femmes et les hommes est une cause indirecte de la précarité des femmes car il compromet leur indépendance économique au sein du foyer. Là aussi c’est une tendance mondiale : les femmes assurent plus des 3/4 du travail domestique non rémunéré.
Conséquence ? Elles ont beaucoup moins de temps disponible pour avoir une activité rémunérée, se former, participer à la vie politique ou associative… 42 % des femmes disent qu’elles ne peuvent avoir un travail rémunéré en raison de la charge trop importante du travail de soin qu’on leur fait porter dans le cadre familial.
59% des entreprises de plus de 50 salarié.e.s ne respectent pas la loi sur l’égalité professionnelle et n’ont ni accord ni plan d‘action sur l’égalité professionnelle, et seulement 0,2% d’entre elles ont été sanctionnées.