Thème 3:Gouvernance mondiale dans un monde multipolaire
Terminale HISTOIRE tronc commun
 

L’intervention de l’ONU en ex‑Yougoslavie

Le Conseil : 1. Donne son plein soutien aux efforts collectifs de paix et de dialogue en Yougoslavie déployés sous l’égide des États membres de la Communauté européenne, avec le soutien des États participant à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, conformément aux principes de cette Conférence. [...]
4. Demande instamment à toutes les parties d’appliquer strictement les accords de cessez-le-feu des 17 et 22 septembre 1991. [...]
5. Appelle instamment et encourage toutes les parties à régler leurs différends par la voie pacifique et la négociation à la conférence sur la Yougoslavie, y compris les mécanismes institués dans ce cadre.
6. Décide, en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies, que tous les États mettront immédiatement en œuvre, pour établir la paix et la stabilité en Yougoslavie, un embargo général et complet sur toutes les livraisons d’armements et d’équipements militaires à la Yougoslavie, et ce jusqu’à ce que le Conseil de sécurité en décide autrement, après que le secrétaire général aura consulté le gouvernement yougoslave.

Résolution 713 du Conseil de sécurité des Nations unies, 25 septembre 1991.
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Les accords négociés à Dayton (États-Unis) et signés à Paris le 14 décembre 1995 mettent fin au conflit et divisent la Bosnie-Herzégovine en deux entités, la fédération de Bosnie-et-Herzégovine, composée de Croates et de Bosniaques, et la République serbe de Bosnie.
 
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« Pendant un mois et demi j'ai vécu les vraies souffrances de la guerre. Pas une guerre civile, une vraie agression. Nous habitions au rez-de-chaussée. Le jour, nous n'osions pas nous déplacer autrement qu'à quatre pattes, et nous passions la nuit aux abris. […]
Il y avait des alertes trois ou quatre fois par jour. Comme l'abri de la maison où nous étions était trop incertain, nous devions aller dans un abri atomique éloigné d'une centaine de mètres de chez nous. Mais le trajet à parcourir était très dangereux. […]
Les pires attaques avaient lieu la nuit. J'ai passé des nuits entières dans cet abri avec les enfants. […] Il y avait environ deux cents personnes. […] L'endroit n'était pas préparé pour les bombardements. Il était très humide et puait horriblement. Nous utilisions comme toilettes une sorte de dépôt en métal. Rien n'était prêt parce que tout le monde était persuadé qu'ils n'oseraient pas attaquer une grande ville comme Sarajevo. Les réserves de nourriture étaient assez faibles. »
Témoignage de madame N. P., avocate de 41 ans réfugiée dans le nord de la Croatie, dans C. Boulanger, P. Granjon, B. Jacquemart, L'Enfer yougoslave. Les victimes de la guerre témoignent, Belfond, 1994.

Le rôle de l'ONU en question durant la guerre en ex-Yougoslavie

Bihac est une ville du nord-ouest de la Bosnie, peuplée de Bosniaques musulmans. Elle est décrétée zone de sécurité de l'ONU (1249 casques Bleus) mais attaquée par les Serbes en 1994.

Quand on est dans un pays en guerre, armés, et qu'on a pour ordre de ne pas utiliser ses armes, on est de fait du côté de l'agresseur, de celui qui essaie de conquérir du terrain. A Bihac, cela signifiait indéniablement être du côté des Serbes. J'ai menti à un certain nombre de gens à qui on avait dit « mais oui, on va vous aider, si la guerre arrive, vous n'aurez qu'à venir nous rejoindre dans le poste d'observation ». (…). Et le jour où la guerre arrivait, on n'était même plus dans le poste d'observation parce qu'on avait déménagé 2 jours avant.

François Crémieux, appelé du contingent en mission volontaire par l'ONU, en 1994 cité dans l'Histoire, n°460, juin 2019

Un nettoyage ethnique au Kosovo en 1999

Les chiffres sont sujets à caution mais les témoignages se recoupent. Slobodan Milosevic est en train de réaliser l’objectif des dirigeants serbes les plus nationalistes et les plus extrémistes à travers l’histoire : chasser les Albanais du Kosovo. [...] Les forces serbes procèdent toujours de la même façon. En quatre étapes. D’abord, elles encerclent ou pilonnent un village ou un faubourg, pour chasser les habitants et les regrouper dans un endroit où ils peuvent être facilement surveillés, puis elles liquident les porte‑parole de la communauté, les élus, prêtres, médecins ou enseignants. Elles séparent les femmes, les enfants et les vieillards des hommes valides et, souvent, elles exécutent ceux qui sont en âge de se battre. Enfin, les maisons abandonnées sont pillées et détruites par un obus de char ou incendiées. [...] Ce qui frappe le plus dans la tragédie du Kosovo, c’est le caractère systématique, calculé, froid, de la politique mise en œuvre. Quoi qu’en dise Belgrade, l’épuration ethnique n’est pas liée aux frappes de l’OTAN. Elle avait été préparée bien avant et avait reçu un commencement d’exécution à l’automne 1998 : 300 000 Kosovars avaient été chassés de leur foyer.

Daniel Vernet, « Ce crime au cœur de l’Europe », Le Monde, 22 avril 1999.

Vous montrerez les conséquences du réveil des nationalismes en ex-Yougoslavie, puis les interventions de la communauté internationale face aux crimes perpétrés et leurs limites

Posted by yannmorel