«Une catastrophe » : 5 minutes pour comprendre pourquoi l’exploitation des fonds marins voulue par Donald Trump inquiète
Face à la Chine, le président américain veut « accélérer » l’exploration minière des fonds marins. Une initiative qui inquiète le monde scientifique comme les associations environnementales.Faut-il aller chercher des métaux rares sous l’océan ? Convaincu, Donald Trump a signé jeudi un décret destiné à ouvrir l’extraction à grande échelle dans les fonds océaniques, y compris dans les eaux internationales. Une décision qui remet en cause la légitimité de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), compétente en haute mer, et inquiète le monde scientifique. Le Parisien fait le point.Que veut Donald Trump ?
Le président américain souhaite un passage en force de l’exploration minière dans les océans. Son secrétaire au commerce Howard Lutnick a été chargé, selon le décret, « d’accélérer l’examen » de candidatures « et la délivrance de permis d’exploration et d’extraction » de minéraux « au-delà des juridictions » américaines, soit dans les eaux dites internationales. Le ministre de l’Intérieur, Doug Burgum, doit faire de même pour les eaux territoriales. Ainsi, les États-Unis deviennent le premier pays à autoriser cette industrie très controversée dans l’océan.
L’initiative devrait permettre de collecter un milliard de tonnes de matériaux en dix ans, table la Maison-Blanche. Le gouvernement Trump promet également de fortes retombées économiques : l’industrie en eaux profondes pourrait créer 100 000 emplois et augmenter de 300 milliards de dollars le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis, sur 10 ans toujours.
Quels risques pour les fonds marins ?
Les grands fonds marins, ou abysses, se situent à partir de 1 000 m de fond et composent 75 % du volume des océans. Pourtant, ces étendues restent moins connues que la surface de la Lune : moins de 3 % ont été explorés avec précision. « On est en train d’autoriser l’exploitation d’une zone dont on a finalement que très peu de connaissances, c’est bien le problème », observe Catherine Jeandel, océanologue géochimiste.
À quoi ressemblerait cette plongée dans les abysses ? En théorie, de lourdes machines seraient envoyées dans les profondeurs pour racler le sol marin et récupérer le nickel, le cobalt ou le cuivre. Soit autant de métaux aux propriétés très prisées qui entrent dans la composition des véhicules électriques, des panneaux solaires, mais aussi des smartphones et ordinateurs portables.
« Ces machines vont aspirer les nodules métalliques, ces galets riches en minéraux, et les ramener jusqu’à un navire en surface », explique Christian Tamburini, directeur de Recherche au CNRS à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie. L’arrivée de pelleteuses à plusieurs kilomètres de profondeur n’est pas sans conséquence sur la biodiversité marine.
« L’extraction minière va abîmer les sols, détruire les espèces et provoquer un nuage de sédiments détériorant l’eau. Or, l’océan joue un rôle majeur dans la captation du CO2. Cette industrie pourrait alors diminuer les capacités de cette pompe biologique de carbone », déplore le chercheur, évoquant « une catastrophe en puissance ». Depuis des années, de nombreuses ONG écologiques, à commencer par l’alliance Deep Sea Conservation Coalition (DSCC), bataillent à leur tour contre l’exploitation minière de ces fonds marins
Par Marie Campistron Le 25 avril 2025 Le Parisisen