Je voudrais tout d’abord vous faire partager ma conviction de femme — je m’excuse de le faire devant cette assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame.
C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme. [...] Tout laisse à penser que
l’adoption du projet de loi n’aura que peu d’effets sur le niveau de la natalité en France, les avortements légaux remplaçant en fait les avortements clandestins [...].
Ensuite, l’interruption de grossesse ne peut être pratiquée que par un médecin, comme c’est la règle dans tous les pays qui ont modifié leur législation dans ce domaine. [...] Enfin, pour donner plus de sécurité à la femme, l’intervention ne sera permise qu’en milieu hospitalier, public ou privé.
Simone Veil, Assemblée nationale, séance du 26 novembre 1974
Le texte est définitivement adopté par l’Assemblée nationale le 20 décembre 1974. 277 députés votent pour, 192 contre. La loi est
promulguée le 17 janvier 1975. Provisoire, elle est confirmée par une deuxième loi en 1980..