Un tournant social,politique et culturel, La France de 1974 à 1988
Thème 3 les remises en cause économique, politiques et sociales des années 1970 à 1991

Vous montrerez quelles sont les conséquences économiques, sociales et politiques de la crise économique des années 1970-1980.

Posted by yannmorel
La désindustrialisation à la française
Réindustrialiser la France, c’est l’un des axes majeurs du plan de relance. On part de loin, la France est le pays de l'Union européenne qui s'est le plus désindustrialisé depuis les années 70. Quelles sont les causes spécifiquement françaises de ce phénomène ?
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Trente ans de désindustrialisation accélérée de la France
De 1975 à 2009, le secteur productif français (industrie, agriculture, services aux entreprises...) s'est réduit comme peau de chagrin, perdant 9% de ses actifs. Au profit d'une hypertrophisation de la sphère publique.
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LA SOCIETE DU CHOMAGE. Années 80, l'émergence des «nouveaux pauvres». De l'ASS en 1984 au RMI en 1988, genèse de deux grands filets sociaux.

Depuis le début des années 80, quelque chose a changé en France: le chômage s'étire comme du chewing-gum. Plus le temps passe et moins les personnes licenciées ont de chances de retrouver un emploi. Les entreprises recrutent moins, le travail non qualifié se fait de plus en plus rare. L'ANPE commence alors à pointer une nouvelle catégorie de demandeurs d'emploi: les chômeurs de longue durée. Avant même l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, une première étude sur 1 000 inscrits depuis plus de douze mois, dans les régions de Nantes, Lille, Marseille et Paris, est lancée. Les chômeurs âgés de 40 ans (57%) sans qualification apparaissent les plus touchés. Mais on ne parle pas encore d'exclusion. En 1982, l'Agence nationale pour l'emploi va plus loin avec une première opération d'envergure: ses services reçoivent en entretien, un par un, les 381 622 chômeurs de longue durée recensés. Le programme débouchera sur 6 890 placements, 29 000 reprises d'emploi et" plus de 100 000 radiations, dont 4 700 entrées en formation (Libération des 18-19 août 1984). A partir de là, alors que les radiations se multiplient, que l'expression «nouveaux pauvres» émerge et tandis que Coluche crée les Restaus du coeur, le paysage social français se modifie profondément. Maurice Pagat crée le premier «syndicat» de chômeurs. L'Unedic compte ses milliards de déficit. Et le CNPF veut dénoncer la convention qui régit le régime d'assurance chômage depuis 1958. Après plusieurs tentatives, ce sera chose faite en 1984, au lendemain du tournant de rigueur pris par les socialistes. Le 24 février, la nouvelle convention est signée. Elle partage les rôles, oppose logique d'assurance contre logique d'assistance. A l'Unedic la première, à l'Etat la seconde. Les exclus du travail, devenus des exclus tout court, relèvent plus de la solidarité nationale que d'un régime fondé sur les cotisations des salariés et des entreprises. L'Etat met donc en place, bien après d'autres pays comme l'Angleterre ou l'Allemagne, l'allocation spécifique de solidarité (ASS), premier filet social du nom. Le deuxième «gros filet», le RMI, est tissé quatre ans plus tard. Le 12 octobre 1988, à l'exception de deux élus UDF du XVIe arrondissement de Paris, et d'un autre du Val-de-Marne, les députés, quasi unanimes, adoptent le revenu minimum d'insertion (RMI) présenté par le gouvernement de Michel Rocard.

Il aura fallu plusieurs années de rapports alarmants pour constater qu'un million et demi de personnes en France vivent dans une grande difficulté. La course aux aides sociales, essentiellement locales jusqu'alors, ne suffit plus. Pas plus que les premiers stages de remise au travail, d'insertion dira-t-on, mis en place. Les chômeurs «arrivent fermés, recroquevillés. Pour certains d'entre eux, le changement est même physique», explique Pascale, une psychologue (le Matin, juillet 1986). Dans la seule ville d'Angers, en trois ans, de 1980 à 1983, le nombre de coupures EDF pour impayés a connu une envolée de 123%. Après avoir étudié les travailleurs découragés, une note de l'OCDE en septembre 1988 parle de «piège». «C'est le passage de l'état de chômeur à celui d'inactif qui pose le problème le plus délicat», rapportent les experts. En 1987, le nombre de chômeurs de longue durée avait plus que doublé par rapport à 1982. Trois ans après, une nouvelle étude du cabinet du ministre du Travail, Jean-Pierre Soisson, révèle que le délai d'inscription s'allonge et atteint 365 jours, treize de plus que l'année précédente. On parle alors de «génération perdue». Dix ans plus tard, ils sont 1 166 100. Chiffre fragile qui écarte tous ceux qui effectuent un boulot pour quelques jours, un stage, ou bien ceux qui ont un arrêt maladie et qui entrent, alors, dans la catégorie des nouveaux demandeurs d'emploi" Plus grave: l'allocation spécifique de solidarité ne suit pas la même évolution que d'autres indicateurs. De janvier 1980 à décembre 1997, selon des chiffres fournis par la CFDT, l'allocation de solidarité est revalorisée de 17,4%, tandis que les prix à la consommation progressent de 24,53% et le Smic de 41,63%. Un système à deux vitesses est né.


par Isabelle MANDRAUD publié le 27 janvier 1998 Libération