La « mise en tourisme » intensive de certains sites patrimoniaux – l'exemple de Venise est celui qui est plus souvent cité –, produit une muséification du paysage et une atonie de l'économie locale […]. Il est
facile de comprendre qu'une ville qui met l'accent exclusivement sur la consommation finit par éliminer la production. Et, à terme, la population. Venise devient une ville sans activités économiques et, de
plus en plus, sans Vénitiens, un parc patrimonial à ciel ouvert. […]
Hervé Barré résume le dilemme : « Le tourisme est très paradoxal : c'est à la fois un prédateur et un sauveur du patrimoine… Le tourisme peut être à la fois la meilleure et la pire des choses pour le patrimoine ». « Quand un
site est désigné sur la Liste (du patrimoine mondial), les guides de voyage le recommandent encore plus fermement et les visiteurs affluent.
Seul un site bien préservé conserve son attrait. […] La qualité du cadre (architecturale, urbaine, paysagère) est un élément pris en compte par les touristes dans leurs choix de destination. Toutefois, ceci ne se traduit pas toujours en termes de pratiques patrimoniales (de visite de sites patrimoniaux). Ainsi, les territoires urbains ayant un patrimoine prestigieux connaissent des fréquentations globales importantes, certes en rapport avec le patrimoine, mais très sensibles également à un ensemble d'autres facteurs, plus liés à la qualité et à la douceur de la vie (gastronomie, événements culturels, populations accueillantes, clémence du climat, etc.).
Collectif, « L'impact du classement Unesco sur le développement économique local », Rapport à la demande du patrimoine mondial de l'Unesco, juillet 2008.