Nommé en 1959 par le général de Gaulle, Malraux est le premier ministre des Affaires culturelles en France. En 1964, il crée l'Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France.
Il faut s'attarder un instant sur l'Inventaire, peut-être l'œuvre la plus durable de la période Malraux dans le secteur du patrimoine, et représentative du caractère novateur de la conception patrimoniale qui se fait jour pendant les années 1960. […] La finalité de l'entreprise était d'« identifier tout ce qui est repérable sur le terrain, de
manière à provoquer une prise de conscience des populations intéressées ; étudier et classer selon les techniques les plus performantes édifices et objets, de manière à les introduire dans la mémoire nationale ; fournir une documentation renouvelée aux administrations centrales et régionales, aux enquêtes des services
d'aménagement, à l'histoire nationale et régionale, à l'enseignement, aux loisirs. » L'Inventaire misa sur la polyvalence, l'ouverture et le dialogue entre scientifiques et la haute administration, les professionnels du patrimoine et les bénévoles. Le recours aux compétences extérieures et au bénévolat avait notamment pour but de desserrer la contrainte budgétaire. L'Inventaire bénéficia du concours des réseaux universitaires et du monde savant et joua en retour un rôle important dans la structuration des milieux français d'historiens de l'art. […] Deux principes faisaient l'originalité de la démarche : la décentralisation (avec des commissions régionales) et le recours à des techniques modernes (photographies, base de données informatique).
Laurent Martin, « Les politiques du patrimoine en France depuis 1959 », Politiques de la culture, 29 juin 2015.