Certaines villes, telle Paris, cumulent le statut de ville-mémoire mondiale et de ville globale. En promouvant les villes « créatives », qui cumulent innovation économique et création artistique, la globalisation confère en outre au patrimoine, intégré aux industries culturelles, une importance accrue dans la compétition métropolitaine. Dans ce contexte, les villes-mémoires tendent à utiliser le patrimoine pour se démarquer dans la compétition internationale : la valorisation de ressources territorialisées uniques – leurs monuments, leur tissu urbain, leur histoire – draine des flux de touristes et de cadres. Elles construisent à cet effet une nouvelle image et un nouveau récit métropolitain. Paris a développé le thème de la « métropole sur Seine », qui fait fusionner l'imaginaire touristique associant depuis la fin du XIXe siècle la ville au fleuve, avec l'imaginaire globalisé du waterfront « reconquis ». […]Cette nouvelle politique de valorisation du patrimoine parisien s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle étape de la mondialisation du tourisme. Grâce au bas coût du transport aérien et à l'essor des flux en provenance des pays émergents, le tourisme devient un enjeu métropolitain croissant et contribue à transformer la patrimonialisation en une « patrimondialisation », qui connecte les villes aux réseaux mondiaux par la valorisation de la mémoire.Géraldine Djament-Tran, « Les villes-mémoires mondialisées, entre conflits et nouveau régime patrimonial », Questions internationales, mars-avril 2013.