Th4 France et Europe de 1945 à nos jours
Terminale générale Histoire
Le début du « papy boom ». La population française augmente moins vite et commence à vieillir. Cette évolution est elle-même provoquée par de nombreux changements sociaux qui se nourrissent mutuellement : allongement de la durée des études, déclin de la famille nucléaire, recul du mariage et essor du divorce, libéralisation de la contraception, etc.
Vers une société postindustrielle. Les mutations entamées pendant les Trente Glorieuses s’amplifient après 1975. Les secteurs primaire et secondaire, touchés par la crise, déclinent. Le secteur tertiaire devient de plus en plus important. Cette tertiarisation de l’économie se traduit par la poursuite du développement des classes moyennes et une féminisation croissante de la population active.
L’explosion du chômage. Du fait de la crise et de la désindustrialisation, les chiffres du chômage passent de 450 000 en 1974 à 2,2 millions en 1988. Un chômage de masse sʼinstalle durablement en France. Il touche surtout les jeunes sans diplôme, les femmes, les plus de 50 ans et les immigrés.Avec lui se développe la précarité, sous la forme du travail à temps partiel et des contrats à durée déterminée (CDD). L’écart entre les plus riches et les plus pauvres s’accroît. De nombreux mécanismes sont mis en place par les gouvernements pour limiter l’exclusion sociale, comme l’impôt sur les grandes fortunes en 1982 et le RMI en 1988. Des initiatives privées viennent aussi en aide aux exclus, comme les Restos du cœur créés par l’humoriste Coluche en 1985
L’arrêt de l’immigration. Avec le ralentissement de la croissance et la montée du chômage, l’immigration est officiellement stoppée en 1974. Seul le regroupement familial est encore autorisé. Une partie de l’immigration devient clandestine et est réprimée. La part des ressortissants européens continue de se réduire au profit des nationalités du Maghreb. Entre 1975 et 1990, la part des immigrés dans la population française reste stable (7,4 %), tout comme celle des étrangers (autour de 6,5 %).
La montée du racisme. Tous les immigrés doivent faire face à une intégration de plus en plus difficile, marquée par une xénophobie quotidienne, mais aussi par des conditions de vie et de travail difficiles. Des partis politiques dʼextrême droite, notamment le Front national, instrumentalisent le thème de lʼimmigration et diffusent des discours racistes. En réaction, les jeunes générations issues de lʼimmigration se mobilisent pour dénoncer et combattre le racisme dans les années 1980 : une grande marche de lʼégalité est organisée en 1983, tandis que lʼassociation SOS Racisme, fondée en 1984, tente de rassembler les jeunes autour du slogan« Touche pas à mon pote ».
La cohésion sociale mise à mal. Après les Trente Glorieuses, c’est le temps des « Vingt Piteuses » : la montée du chômage et la récession économique entraînent des tensions sociales. La ségrégation urbaine s’accroît : les populations les plus aisées s’installent dans les centres-villes ou dans des lotissements périurbains, tandis que les plus pauvres (souvent des immigrés) se regoupent dans les grands ensembles des banlieues.
’article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse est complété ainsi : ceux qui, par l’un des moyens énoncés à l’article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance [...] à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 2 000 F à 300 000 F ou de l’une de ces deux peines seulement. [...]
De la répression des discriminations raciales. Il est inséré dans le code pénal un article 187‑1 rédigé comme suit : sera puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende de 3 000 à 30 000 F tout dépositaire de l’autorité publique [...] qui, en raison de l’origine ou de l’appartenance ou de la non-appartenance d’une personne à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, lui aura refusé sciemment le bénéfice d’un droit auquel elle pouvait prétendre.

Loi du 1er janvier 1972 relative à la lutte contre le racisme.

Les dates-clés de l'immigration en France

Les "trente glorieuses"

- 1956-1972 : l'immigration s'accélère avec la décolonisation et l'entrée en vigueur au 1er janvier 1958 du traité de Rome, qui instaure le principe de libre circulation des personnes.Déclin progressif de l'immigration italienne au profit de l'immigration espagnole et portugaise. Développement de l'immigration marocaine et tunisienne. Forte augmentation de l'immigration algérienne après la fin de la guerre en 1962, et début de l'immigration africaine subsaharienne.
- 1972 : les circulaires "Marcellin"-"Fontanet" subordonnent la politique de recrutement des travailleurs étrangers à la situation de l'emploi. La perte du travail implique la perte de la carte de séjour.

· 1974-1981 : septennat de Valéry Giscard d'Estaing

La crise économique s'accompagne d'un réexamen fondamental des politiques migratoires en Europe.
- 1974 : le gouvernement français décide de suspendre l'immigration des travailleurs et des familles extracommunautaires. L'immigration des travailleurs reste suspendue jusqu'en 1977, l'immigration des familles est à nouveau autorisée dès 1975.
- 1977 :
mise en place d'une aide au retour volontaire.
- 1978 :
mise en place d'un mécanisme de retours organisés et forcés d'une partie de la main-d'œuvre étrangère installée jusque-là régulièrement. Les Etats du Maghreb sont particulièrement visés par ces mesures.
- 1980 : loi Bonnet relative à la prévention de l'immigration clandestine. Elle rend plus strictes les conditions d'entrée sur le territoire, fait de l'entrée ou du séjour irréguliers un motif d'expulsion au même titre que la menace pour l'ordre public, et prévoit la reconduite de l'étranger expulsé à la frontière et sa détention dans un établissement s'il n'est pas en mesure de quitter immédiatement le territoire.
- 1981 : la loi Peyrefitte légalise les contrôles d'identité à titre préventif.

· 1981-1988 : premier septennat de François Mitterrand

1981- Juillet : circulaire du ministre de l'intérieur, Gaston Defferre, assouplissant les conditions d'accès au titre de séjour et à l'asile politique. Recommandation de ne pas expulser les étrangers nés en France.
- Août :
circulaire précisant les conditions de régularisation exceptionnelle instaurées en faveur des travailleurs clandestins et des autres immigrés en situation illégale : fournir la preuve de la présence en France depuis le 1er janvier 1981, occupation d'un emploi stable depuis une année.
- Octobre : abrogation des dispositions de la loi Bonnet et introduction dans l'ordonnance de 1945 d'une série de garanties nouvelles pour les étrangers : l'expulsion ne peut être prononcée que si l'étranger a été condamné à une peine au moins égale à un an de prison ferme ; les garanties de procédure entourant l'expulsion sont accrues ; les étrangers en situation irrégulière ne peuvent être reconduits à la frontière qu'après un jugement et non plus par la voie administrative ; les étrangers mineurs ne peuvent plus faire l'objet d'une mesure d'éloignement, et ceux qui ont des attaches personnelles ou familiales en France ne peuvent être expulsés qu'en cas de menace à l'ordre public.
- Novembre : une circulaire supprime le dispositif d'aide au retour.

1984
- Juillet :
loi sur le titre unique de séjour et de travail, qui reconnaît, par la création de la carte de résident,le caractère durable de l'installation en France de la population immigrée et dissocie le droit au séjour d'avec l'occupation d'un emploi.
- Octobre : accroissement des moyens de la police de l'air et des frontières, possibilité de sanction des séjours irréguliers par une interdiction de retour sur le territoire français.

1986
L'opposition RPR-UDF remporte les élections législatives et ouvre la première période de cohabitation entre 1986 et 1988.
- Septembre : loi relative aux conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France, dite loi Pasqua.Elle rétablit le régime de l'expulsion tel qu'il existait antérieurement à la loi du 29 octobre 1981 ; elle restreint la liste des étrangers qui obtiennent de plein droit une carte de résident et celle des étrangers protégés contre les mesures d'éloignement du territoire.

· 1988-1995 : second septennat de François Mitterrand

- 1989 : loi relative aux conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France, dite loi Joxe.Elle assure la protection contre l'expulsion des personnes ayant des attaches personnelles ou familiales en France, et instaure un recours juridictionnel contre les mesures de reconduite à la frontière.

Le Monde Publié le 06 décembre 2002

 
 
 
mai 1968
 
mai 1968
 
L'H. : Avec la crise des années 1970, nouveau coup d'arrêt. Les frontières se ferment, pour ne plus se rouvrir ?
G. N. :
En France comme dans le reste de l'Europe de l'Ouest, les frontières se ferment au milieu des années 1970 et les incitations au retour sont mises en place. Mais, lorsque Valéry Giscard d'Estaing décide en 1978 de rapatrier 200 000 personnes par an, la gauche se mobilise. Les années 1960 ont changé la donne. De nombreuses décisions ont été prises dans le domaine de la lutte contre le racisme, toute une série de conventions internationales sur le droit d'asile... Les États ne peuvent plus agir comme ils le faisaient dans les années 1930. Par ailleurs, Mai 68 a repolitisé la thématique de l'immigration en réintroduisant la figure de l'ouvrier immigré, inaugurant une période d'engagement de la gauche dans les luttes des travailleurs immigrés, sur fond de résurgence du racisme et de violences contre les immigrés. Un nouveau paroxysme est atteint pendant « l'été rouge » de Marseille, en 1973, qui fera sept victimes, toutes originaires du Maghreb. Dans les années 1980, avec la crise économique, le discours sur l'identité nationale qui avait quasiment disparu pendant les Trente Glorieuses resurgit sous l'impulsion du Front national qui impose dans le vocabulaire courant l'expression « identité nationale » en montrant du doigt les immigrants présentés comme une « menace » pour la France. Néanmoins, l'extrême droite n'est plus en mesure, désormais, d'abattre les institutions démocratiques, contrairement à ce qui s'était passé dans les années 1930 puis sous Vichy. C'est sans doute ce qui a facilité la banalisation des discours identitaires dans l'espace public français.
L'Histoire , La France un vieux pays d'immigration, entretien avec G Noirel , janvier-mars 2010
Aujourd’hui, une majorité de députés va voter l’abolition de la peine de mort au nom du peuple français [...]. À la vérité, nous ne savons pas ce que les Français pensent, car vous ne les consultez pas ! [...] Il fallait pour cela modifier la Constitution afin qu’un référendum puisse avoir lieu [...].Une majorité d’entre nous, une majorité de Français, au nom des idées, du cœur et de la morale, est certainement contre la peine de mort. [...]Mais il y a la réalité et notre responsabilité à l’égard du peuple français. La réalité, c’est le meurtre, les victimes, le criminel qui, loin d’être touché par la grâce et de s’amender, récidive. Notre devoir,notre responsabilité, c’est de répondre à la légitime exigence de la société qui entend être défendue et être prémunie contre la violence. [...]
S’il y a respect de la vie, c’est celle des innocents et des futures victimes qui m’intéresse, bien avant celle du criminel. [...] La société a donc le droit [...] de donner la mort pour se défendre. [...]Le projet de loi [...] prévoit l’abolition de la peine de mort et [...] son remplacement par la détention à perpétuité. Or nous savons bien que la détention à perpétuité est inappliquée et inapplicable car [...] pas moins inhumaine, dégradante et cruelle que la peine de mort.

Discours de Pascal Clément, député UDF de la Loire, à l’Assemblée nationale, séance du 17 septembre 1981