Le transit du pétrole brut représente une part conséquente du trafic. Avec 47 000 transits par an, ce sont ainsi 100 Mt des extractions russes qui transitent par les détroits turcs, via le terminal de Novorossisk et 34 Mt du pétrole d’Azerbaïdjan qui est exporté par le port de l’Est turc.
Du côté de l’Afrique du nord, la Lybie exporte au sein du bassin méditerranéen un volume conséquent, ainsi que l’Algérie qui par ailleurs, produit et exporte 12.4 Mt de gaz dont la moitié vers les ports d’Europe du sud. Au total 493Mt en moyenne transitent en méditerranée.
L’Europe Méditerranéenne compte à ce titre de grands ports pétroliers : Algesiras, Carthagène et Tarragone pour l’Espagne, Fos pour la France, Gênes et Venise pour l’Italie, Cagliari en Sardaigne, Augusta en Sicile, Messine pour le Portugal, et Eleusis pour la Grèce. «Les capacités de transport maritime en circulation en Méditerranée ont augmenté de plus de 50 %, entre 1997 et 2006. La croissance annuelle du transport de pétrole s’est élevée à 6 % ; elle est de 7 à 8 % pour le transport de gaz naturel liquéfié (GNL), de 10 % pour les conteneurs et de 5 % pour le roulier. Le fort taux de croissance du trafic conteneurs, est dû au développement des échanges avec l’Asie?» (extrait du cahier plan bleu 7).
Le transport en GNL (Gaz Naturel Liquéfié) occupe un espace important sur le bassin. Au-delà de l’approvisionnement gazier, ce gaz, moins polluant que les autres carburants, est également de plus en plus utilisé par de nombreux navires, notamment paquebots et ferries à Marseille et à Barcelone.
Parallèlement aux énergies, ce sont de très nombreuses marchandises qui circulent : produits raffinés et chimiques, charbon et minerais, ciments, céréales, véhicules….
Trois secteurs économiques sont particulièrement significatifs sur l’espace maritime méditerranéen : le roulier (Navire de charge dont les marchandises sont manutentionnées par roulage en utilisant des camions, des remorques, qui demeurent à bord pendant la traversée), le conteneur et la croisière?: «entre les connexions territoriales pour les iles et les liaisons entre l’Europe, le Maghreb et les deux rives de l’Adriatique, ferries et rouliers observent un trafic très dense.» (*rapport de l’ISEMAR)
Dans le secteur des croisières, on dénombre ainsi 2.9 M de passagers et quelques ports, dont celui de Marseille ou de Venise par exemple qui dépassent le million de croisiéristes chaque année.
A l’épreuve de l’observation des données chiffrées disponibles et afférentes au trafic maritime, on constate que la France y est bien moins impliquée que ses voisins méditerranéens, malgré des façades maritimes privilégiées. Le nombre de passagers transportés depuis les ports français méditerranéens, se situe aux alentours de 8M, lorsque l’Italie affiche un bilan avoisinant les 50M en 2009.
Selon l’Institut National Italien de la Statistique, la Grèce, puis l’Italie se classent en 2009 dans ce domaine, comme respectivement les 1er et 2eme pays européens au sein du bassin.
Les porte-conteneurs et les cargos de leur côté, représentent la part la plus importante des transits en méditerranée. 72% de l’offre de transport y est constituée par les porte-conteneurs, 27,7% par le ro-ro et les passagers.
Le trafic de conteneurs a augmenté de 10% par an en Méditerranée entre 1997 et 2006, contre 5% pour le ro-ro. Sur cette même période le trafic des navires porte-conteneurs a augmenté de 71% et la taille moyenne des bateaux a augmenté de 55%. (Source : Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise, Atlas des villes portuaires de la Méditerranée).
Les ports sont des entités stratégiques et représentent des éléments moteurs de l’économie mondiale. «Ce phénomène s’est amplifié avec la conteneurisation» notaient ainsi Sébastien Bourdin, enseignant-chercheur, docteur en géographie, institut du développement territorial et Thomas Cornier, chercheur, docteur en géographie, UMR IDEES dans une étude publiée en 2015.
« Les ports euro-méditerranéens se livrent une bataille pour devenir incontournables à l’échelle régionale, en essayant de capter la plus grande part possible du trafic provenant des ports asiatiques».
A l’heure actuelle, seuls quelques ports méditerranéens sont capables de réceptionner les plus gros porte-conteneurs : Port Saïd (Egypte), Tanger Med (Maroc), Algésiras (Espagne), Marsarxlokk (Malte) et Gioia Tauro (Italie).
Ce dernier, créé dans les années 1990, s’est inscrit en quelques années seulement parmi les trente plus grands ports de conteneurs du monde. L’implication française globalement sur le bassin méditerranéen, demeure à la marge malgré une place évidente et une progression enregistrée par le grand port de Marseille. «Le plus gros armateur Italien par exemple, compte à son actif trois fois la flotte française dans son ensemble» explique Pierre Mattei, PDG de la compagnie Corsica Ferries.
La nouvelle Stratégie Méditerranéenne pour le Développement Durable (SMDD 2016-2025) prône l’investissement dans la durabilité environnementale, pour atteindre le développement économique et social. Cette publication est le résultat de deux années de collaboration au sein du système du PAM (Plan d’Action pour la Méditerranée) et a été coordonnée par la Commission Méditerranéenne du Développement Durable (CMDD). Elle vise à fournir un cadre politique autour du développement socio-économique «qui doit être harmonisé avec l’environnement et la protection des ressources naturelles.» (*site du plan bleu)
«Investir dans l’environnement est le meilleur moyen d’assurer la création d’emplois durables à long terme». (Extrait du SMDD 2016-2025)