Des territoires habités
Chapitre introductif du programme de géographie première générale
OBJECTIF : Découvrir et s'approprier les notions du programme
A partir de témoignages, comprendre la notion de territoire , et ses enjeux .
La circulation intense du terme est d’autant plus étonnante que l’on doit sa création à un journaliste américain au début des années 2000. Dans son ouvrage Bobos in Paradise, David Brooks, aujourd’hui journaliste au New York Times,dresse le portait des « bourgeois-bohèmes » dans le contexte nord-américain, une « nouvelle élite » urbaine porteuse d’un « modèle culturel spécifique » qui réconcilierait, et c’est là sa thèse, les valeurs de la bohème et de la bourgeoisie (...)

À peine son ouvrage traduit, les médias français s’en font l’écho. Libération lui consacre ainsi un article dès juillet 2000, l’adaptant au contexte français

Les Bobos, […] cultivent une passion pour les légumes bio et les gadgets techno. Ils engrangent les stock-options et soutiennent José Bové à Millau. […] Car l’ambition majeure du Bobo, c’est la contradiction réconciliée : argent et conscience sociale, esprit critique et hédonisme, […] multiculturalisme et consommation de masse
Le « bobo » dans sa vi(ll)e Analyse de l’existence plurielle d’une catégorie à la croisée du journalisme, du commerce et du politique

La métropole est avant tout un ensemble urbain de grande importance qui exerce des fonctions de commandement, d’organisation et d’impulsion sur une région et qui permet son intégration avec le reste du monde. Elle anime un système urbain plus ou moins complexe à la hiérarchisation emboîtée. Elle peut être dotée de fonctions spécialisées dans les domaines politique, économique, de l'innovation. Ses services à forte valeur ajoutée irriguent une aire plus ou moins vaste selon les échelles considérées, de l'espace régional à l'espace mondial. Une métropole de rang global, international, ne pourra être définie, analysée comme une simple métropole régionale. L'accentuation du rôle des métropoles dans la mondialisation définit la métropolisation.

Une métropole internationale, de rang mondial, est dotée de fonctions directionnelles, de services supérieurs, de capacités d'innovation scientifique et technologique. Elle entretient d'importants réseaux internationaux et bénéficie d'excellentes conditions d'accessibilité, d'accueil et d'hébergement et d'effets d'image positifs. Avec la mondialisation, les métropoles possédant une influence internationale ont pris une importance croissante. Les plus grandes métropoles sont aussi des villes mondiales.

geoconfluences

Dans le 20e arrondissement de Paris, deux mondes, celui des logements sociaux et celui des nouveaux arrivants, en quête de logements moins chers et de mixité sociale fantasmée, cohabitent sans se mélanger.

Juste en face, de l’autre côté de la rue de la Mare, il y a le bistrot Les Mésanges. Des trentenaires aux professions précaires, intellectuelles et créatives y fixent les écrans de leurs ordinateurs portables Apple. Tables de bar, mobilier scolaire chiné. On y a déjeuné quelques heures plus tôt de spaghetti à la crème de truffes, de suprêmes de pintade ou d’un filet de lieu noir. Rien de luxueux au regard des habitudes parisiennes,juste une formule à 14 euros et une attention aux détails qui change des brasseries ordinaires et attire certains habitants du quartier. « A l’époque c’était un hôtel, Les Balcons », se souvient Henriette.

Sur son flanc gauche, des mères de famille d’origine africaine remontent la rue des Cascades. Laissant dans leurs dos des ensembles de logements sociaux, elles passent devant la vitrine d’une galerie d’art brut, Le Moineau écarlate.(..)

Ses souvenirs font le tour de la place et traversent tant de frontières invisibles entre des mondes qui désormais se croisent, se frôlent, se gênent parfois mais jamais ne se rencontrent, bien qu’ils se partagent les restes d’un ancien quartier populaire. « Je suis née sur ce carrefour, j’y suis revenue après avoir été cachée sous l’Occupation grâce à une organisation clandestine, et j’y suis restée jusqu’à mon mariage, en 1957 », raconte Mme Bagès. Polonais de confession juive, Arméniens, Espagnols et Italiens de gauche… les nationalités du quartier, dont les résistants communistes des Francs-tireurs et partisans de la main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) avaient fait leur bastion, sont celles de l’Affiche rouge et de ses « Français de préférence » chantés par Ferré. « Même après la guerre, on ne vivait pas les uns à côté des autres, on vivait ensemble, raconte Mme Bagès. Les habitants d’ici avaient en commun leurs moyens modestes, leurs conditions d’étrangers et leurs espoirs de lendemains meilleurs. »

Adulte,Henriette Bagès a cultivé cet espoir. Elle s’est engagée dans des organisations juives laïques et de gauche et a poursuivi une carrière d’enseignante parce qu’elle pensait qu’il était possible de « progresser collectivement par l’école

Entre-temps, tandis qu’elle approchait de la retraite, le quartier n’a cessé de se transformer et d’oublier peu à peu les grands espoirs auxquels une partie de sa génération s’était vouée. D’un côté, la construction d’ensembles d’habitat social pour accueillir les familles immigrées relogées depuis des immeubles insalubres, de l’autre, l’installation de jeunes, salariés ou indépendants, travaillant dans la culture, les médias, chassés par les loyers trop élevés du centre de Paris. Deux mondes parallèles se sont développés chacun de leur côté, parfois dans les mêmes rues. La pauvreté a reflué derrière les halls d’entrée d’un archipel de cités HLM disséminées dans un quartier emporté par les vagues incessantes de la gentrification de la capitale.

Fragments de France , le Monde ,Par Allan kaval , 20 octobre 2021