a notion de périurbanisation est utilisée pour qualifier l’urbanisation se réalisant autour des agglomérations, le plus souvent aux dépens des espaces agricoles et naturels. Elle recouvre pourtant un processus protéiforme dans ses modalités d’expansion comme de transformation des espaces. Les changements dans la composition des textures invitent d’ailleurs à approcher le processus au pluriel, tant son développement et ses effets apparaissent divers selon les contextes étudiés et selon les échelles d’observation mobilisées. Depuis quelques décennies le processus s’est diversifié socialement et spatialement, dans son peuplement comme dans ses morphologies. La meilleure compréhension de ses ressorts, de ses limites comme de ses enjeux offre un cadre renouvelé aux contours de cette notion et en fait un outil d’analyse de la mutation des relations villes–campagnes.
Si l’on se réfère aux travaux d’historiens, cette diffusion urbaine dans les campagnes est pourtant relativement ancienne et semble même, par certains aspects, constitutive du développement des villes dans son versant urbain (faubourgs, banlieue, villégiature, zones d’activités…) comme dans son versant rural (ceinture de maraîchage, huerta, vignoble…). Soulignons également que ce processus concerne, selon des modalités et des formes diverses, et sous d’autres vocables, l’ensemble des pays urbanisés et en cours d’urbanisation.
Appréhendé d’abord comme un débordement résidentiel des villes, la périurbanisation se manifeste soit par production d’un espace propre dans le cadre d’une opération d’ensemble – un étalement le plus souvent sous la forme du lotissement de maisons individuelles, soit par dissémination et remplissage de parcelles ouvertes à l’urbanisation sans réelle planification – une dispersion ou un émiettement (Charmes, 2011), là encore le plus souvent sous forme de maisons individuelles.En France, le processus prend une force et une ampleur particulière à partir de la fin des années 1970 sous l’effet de trois facteurs : la réorientation des politiques publiques du logement en direction d’une offre marchande orientée vers l’accession à la propriété d’une maison individuelle, la démocratisation et la banalisation de la voiture individuelle et de son usage au quotidien par l’amélioration des infrastructures routières, la possibilité donnée à chaque municipalité de choisir de développer ou non son urbanisation en relation avec un marché immobilier et des aspirations sociales tournés tous deux vers la possession d’une maison « à soi ». Ce « moment » a donné naissance à un type d’espace qualifié de périurbain. Celui-ci est devenu en 1996, dans le cadre du Zonage en Aire Urbaine, une nomenclature statistique – une catégorie d’espace – censée mesurer l’influence d’une ville et de son agglomération par l’intermédiaire des navettes domicile-travail. Cet espace, de plus en plus vaste à chaque recensement, comprend l’ensemble des communes dans lesquelles au moins 40 % des actifs ayant un emploi vont travailler dans la ville principale, dans les zones d’activités de l’agglomération principale ou vers d’autres zones d’activités qui parsèment cet espace dit « périurbain », qu’il s’y réalise, ou pas, une urbanisation (Floch, Lévy, 2011).
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