Désindustrialisation, dévitalisation commerciale, désertification. Les villes moyennes incarnent, dans la diversité de leurs situations, une forme de déclin urbain. [...]. Se situant entre les métropoles, aujourd’hui célébrées, et le monde rural, les villes moyennes [...] ont peur d’être sacrifiées par rapport à des territoires aujourd’hui plus attractifs [...]. Mal desservies par les réseaux de grande vitesse et le débit rapide, terreau des votes radicaux, ces communes ont déjà été malmenées par la désindustrialisation, la stagnation, voire la décroissance démographique. [...] Les villes moyennes étant souvent des
préfectures ou sous-préfectures, elles ont subi de plein fouet la recomposition des moyens de l’État [...]. La décentralisation, de son côté, a davantage profité aux métropoles, ne compensant pas le désinvestissement administratif qu’ont pu connaître des villes moyennes façonnées, historiquement, par la présence de l’État.(...)
Nombre de ces villes font preuve d’innovations et de volontarisme. Elles organisent des festivals pour mettre en avant leurs traditions locales,cherchent à capter les ressources engagées pour soutenir les initiatives liées à l’économie numérique : les centres de coworking, des clusters associant les universités, les entreprises, les centres de recherche… Elles se lancent dans du marketing urbain [...], projettent et soutiennent des parcs d’activités et des plates-formes technologiques. Elles cherchent à reconquérir des centres‑villes par de nouveaux aménagements. [...] Les Français déclarent, sondage après sondage, préférer vivre dans des villes moyennes que dans les grandes agglomérations. À l’heure de la valorisation de l’authenticité et de la ville « durable », elles concilient les exigences d’un cadre de vie à taille humaine dans un environnement relativement préservé.
Julien Damon, ibid.
Julien Damon, « Quel avenir pour les villes moyennes ? »,Sciences humaines, juillet 2017