Témoignages de Soviétiques
Stalingrad a brûlé, brûlé. La ville est morte, les gens sont dans les caves. Tout est calciné. Des enfants errent. Ils sont à moitié fous.
La ville est morte, à la manière du visage d’un défunt qui est passé par une douloureuse maladie et qui a trouvé le repos dans un sommeil éternel. Et à nouveau les bombardements, les bombardements d’une ville déjà morte.
Témoignage d’Anatoli Tchekov recueilli par Vassili Grossman
Je suis devenu féroce, je tue, je les hais, comme si toute ma vie devait être comme ça. J'ai tué quarante personnes, trois dans la poitrine, les autres à la tête. Quand le coup part, la tête retombe tout de suite en arrière ou sur le côté, ils projettent les bras en avant et ils tombent... Pchelintsev aussi avait du mal à tuer : le premier, il n'a pas pu, le deuxième, il l'a tué et a pensé : "Comment ai-je pu ?"
Vassili Grossman, Carnets de guerre, de Moscou à Berlin, 1941 1945. Textes choisis et présentés par Antony Beevor et Luba Vinogradova, 2007