31 janvier 1942. Un air lourd entoure le ghetto. Des fusillades se préparent. Des pionniers dynamitent le sol afin de creuser des trous pour les Juifs devant être fusillés. Dix Juifs – des hommes –sont emmenés pour extraire la boue et creuser ces trous. Le service de sécurité russe et des soldats allemands – des nôtres – surveillent le ghetto. Personne n’a le droit de sortir, sous peine d’être fusillé. Cet après‐midi sur 900 Juifs la moitié sera fusillée. Des hommes, des femmes et des enfants, pêle‐mêle. (...) Ce matin des lamentations, des gémissements dans les maisons. Ils se disent déjà adieu, lorsqu’ils ont vu leur quartier encerclé.
Il est 15h. Depuis une heure tous les Juifs habitant encore ici, 962 personnes, femmes, enfants et personnes âgées, sont fusillées. (Déjà 1 400 ont été fusillées depuis quelque temps). Enfin.Un commando de 30 policiers [allemands] exécute l’Aktion. Deux hommes tirent sans cesse à tour de rôle. Les Juifs avancent au pas de l’oie à travers les deux baraques en bois, près de la fosse, afin d’y déposer dans l’une les objets précieux et dans l’autre les foulards,fourrures et bottes. De là un petit sentier enneigé mène à la fosse, dans laquelle ils descendent l’un derrière l’autre puis sont fusillés allongés en rang par derrière. Deux gendarmes disposent les corps dans la fosse serrés les uns contre les autres. On entend des cris déchirants. Qui veut fuir est fusillé sur‐le‐champ. C’est d’abord le tour des enfants. Puis des vieillards et des femmes. On fouille chaque maison (...). On trouve des enfants cachés. (...) En trois heures l’Aktion n’est pas finie en raison de la venue de l’obscurité. On renforce la garde dans le ghetto durant la nuit. On finira l’Aktion demain. À Tcherven, la grande localité voisine, le même commando liquidera 1 200 Juifs. C’est ainsi qu’on extermine la peste. De la fenêtre de mon poste de travail on voit le ghetto à 500 m, on distingue bien les cris et les tirs. Dommage que je ne puisse pas en être (…).20h. Des Juifs essaient de s’enfuir ; beaucoup de coups de feu tirés. Ce soir : danse !!! à la maison du peuple. (…)
3 février 1942. Les soldats allemands récupèrent tout ce dont ils ont besoin dans les piaules des Juifs. Il règne une saleté indescriptible dans la plupart des maisons. »