une guerre d'anéantissement
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1939-1945 : Londres, Tokyo, Dresde, à l'heure des bombardements massifs
Repères. Il y a 75 ans, l’aviation britannique et américaine larguait 3 900 tonnes de bombes sur Dresde, tuant 25 000 personnes ; sort que connurent aussi Londres, Hambourg, Tokyo, Hiroshima ou Nagasaki. La guerre totale fit tomber l’interdit de cibler les civils mais la stratégie fut loin d'être efficace.
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13 février 1945 : Dresde sous les bombes
Les commémorations officielles dimanche de la destruction de Dresde par les alliés insistent sur la réconciliation, mais les néo-nazis et l'extrême droite allemande se sont emparés du souvenir pour alimenter leur propagande.
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La nuit où Dresde fut réduite en cendres
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Posted by walletjerome

Dans la nuit du 13 au 14 février 1945, la ville de Dresde est victime du plus brutal bombardement aérien de la Seconde Guerre mondiale (à l'exception de Tokyo, Hiroshima et Nagasaki).

Dent pour dent...

Dès le début du conflit, le Premier ministre britannique Winston Churchill confie au « Bomber Command » de la Royal Air Force la mission de détruire les sites stratégiques de l'ennemi. Il veut de cette façon relever le moral de ses concitoyens, durement affecté par les attaques aériennes sur les villes anglaises (le « Blitz »).

Le « Bomber Command » lance d'abord des attaques sur des sites stratégiques uniquement (zones industrielles et noeuds de communication). Cependant, ces attaques ciblées se révèlent de plus en plus coûteuses et inefficaces.

Le Premier ministre place alors le général Arthur Harris à la tête du «Bomber Command»et, le 14 février 1942, autorise les bombardements massifs étendus aux zones urbaines. Churchill espère de cette façon dresser la population allemande contre Hitler...

Escalade de la violence

1,35 million de tonnes de bombes seront au total déversées sur l'Allemagne par les Anglo-Saxons. Un rapport américain estime le nombre de victimes à 305 000 morts et 780 000 blessés .La France occupée n'est pas épargnée. Elle reçoit 0,58 million de tonnes de bombes qui auraient causé 20 000 morts.

Dresde marque le paroxysme de cette stratégie. L'ancienne capitale du royaume de Saxe est surnommée la « Florence de l'Elbe »en raison de ses richesses artistiques et architecturales. Dans les dernières semaines de la guerre, l'afflux de réfugiés hisse sa population de 600 000 habitants à près d'un million.

Le bombardement des 13 et 14 février 1945 survient alors même que ces réfugiés tentent d'oublier les horreurs de la guerre dans un carnaval improvisé.

Au total, en quinze heures, 7000 tonnes de bombes incendiaires tombent sur Dresde, détruisant plus de la moitié des habitations et le quart des zones industrielles.

Une grande partie de la ville est réduite en cendres et avec elle environ 35 000 personnes, dont 25 000 ont été identifiées. Beaucoup de victimes disparaissent en fumée sous l'effet d'une température souvent supérieure à 1000°C.

L'évaluation actuelle de 35 000 morts (dont 25 000 corps identifiés) résulte des travaux d'une commission d'historiens mandatée par la ville de Dresde. Le chercheur allemand Jörg Friedrich, qui n'est pas tendre pour les Alliés, fait état de 40.000 morts dans son livre Der Brand (L'incendie).

https://www.herodote.net/14_fevrier_1945-evenement-19450214.php

"La tempête de feu est incroyable... Une peur folle me saisit et à partir de ce moment, je me répète continuellement une simple phrase : "Je ne veux pas brûler à mort". Je ne sais sur combien de personnes je suis tombé. Mais je sais une chose : c'est que je ne dois pas brûler".

Le 13 février 1945, l'aviation britannique lance une attaque sur la ville de Dresde, en Allemagne de l'Est. Dans les jours qui suivirent, ils larguèrent, avec leurs alliés américains, près de 4 000 tonnes de bombes lors de l'assaut. La tempête de feu qui s'ensuivit tua 25 000 personnes, ravageant le centre ville, aspirant l'oxygène de l'air et étouffant les gens qui tentaient d'échapper aux flammes.

Dresde n'était pas unique. Les bombardiers alliés ont tué des dizaines de milliers de personnes et détruit de vastes zones lors des attaques contre Cologne, Hambourg et Berlin, et les villes japonaises de Tokyo, Hiroshima et Nagasaki.

Mais le bombardement est devenu l'un des actes alliés les plus controversés de la Seconde Guerre mondiale. Certains ont mis en doute la valeur militaire de Dresde. Même le Premier ministre britannique Winston Churchill a exprimé des doutes immédiatement après l'attaque. "Il me semble que le moment est venu de revoir la question du bombardement des villes allemandes dans le seul but d'accroître la terreur, bien que sous d'autres prétextes", a-t-il écrit dans un mémo. "La destruction de Dresde reste une question sérieuse contre la conduite des bombardements alliés," dit-il.

Dresde : les bombardements de la Seconde Guerre mondiale 75 ans plus tard, en images
Par Toby Luckhurst BBC News 13 février 2020
Dresde piégée par la mémoire

C'est Katharina Brünnel, 69 ans, qui raconte : «A Dresde, on se sentait vraiment en sécurité. On ne voyait vraiment pas pourquoi les Alliés attaqueraient une ville de culture qui n'avait aucune signification militaire, ni industrie d'armement.» Il y a soixante ans, dans la nuit du 13 au 14 février 1945, des bombes ont réduit la «Florence de l'Elbe» à un amas de ruines, faisant 35 000 morts selon les derniers chiffres officiels. Hambourg, Cologne, Nuremberg... de nombreuses villes allemandes ont été la cible du bomber command britannique et de l'US Air Force. Mais, dans la conscience collective allemande, Dresde a toujours été perçu comme le symbole du martyre. Une sorte de «Hiroshima allemand».

Soixante ans après, les historiens allemands, mais aussi britanniques, continuent à se déchirer sur la question de savoir si la destruction de Dresde était nécessaire. Ces dernières années, le «mythe de la ville innocente» (lire ci-contre) a été renforcé par les ouvrages de Jörg Friedrich, décrivant par le menu les bombardements alliés sur les civils. Il y a un mois, la traduction en allemand du livre de l'historien britannique Frederick Taylor, expliquant en quoi la destruction de Dresde était certainement «inacceptable», mais correspondait à un but militaire «légitime», a suscité une nouvelle polémique. Depuis que le parti néonazi NPD a réussi, le 19 septembre dernier, à entrer au Parlement de Saxe avec 9,2 % des voix et qu'il a comparé le bombardement de Dresde à l'Holocauste (Bomben-Holocaust), le sujet n'a jamais été aussi sensible.

Salir. Hier, 5 000 néonazis, chiffre record, ont défilé à Dresde comme chaque année depuis 1999. Redoutant qu'ils ne salissent l'image de la ville, la municipalité, l'évêché et plusieurs associations ont multiplié les initiatives.[...]
Pour autant, la bataille de la mémoire n'est pas gagnée. «Le terme de Bomben-Holocaust ne m'a pas choquée, avoue ainsi Katharina Brünnel, qui assure n'avoir encore jamais voté pour le NPD. Ce que l'on a fait aux juifs était horrible, dit-elle. Mais cela n'empêche pas de dire la vérité sur Dresde. En 1945, la ville était remplie de réfugiés de l'Est, essentiellement des femmes, des enfants et des vieillards qui fuyaient le front et que l'on a inutilement massacrés.» Comme de nombreux témoins de l'époque, Katharina n'accepte pas le chiffre de 35 000 morts. «Il y en a forcément eu au moins 200 000», dit-elle, s'appuyant sur le fait que Dresde, qui comptait à l'époque 500 000 habitants et autant de réfugiés, ne disposait quasiment pas d'abris antiaériens et que l'incendie avait atteint une telle intensité que de nombreux corps ont été carbonisés.

Dans l'espoir de mettre fin à cette polémique, la municipalité a demandé à une commission d'historiens de travailler sur la question et de rendre ses conclusions à l'occasion du 800e anniversaire de Dresde, en mars 2006. Elle a aussi placardé une affiche portant les noms de Bagdad, Coventry, Grosny, Guernica, Hambourg, Hiroshima, Leningrad, Varsovie et... Dresde.


par Odile BENYAHIA-KOUIDER publié le 14 février 2005, Libération
Vue de Dresde après les bombardements alliés du 13 et 14 février 1945 - © Walter Hahn
Cette vue montre des dommages causés par les bombes à la rue de Prague (Prager Strasse) sur la photo de la tour de la mairie