Un monde bipolaire de 1945 aux années 70
Thème 2 Histoire : la multiplication des acteurs internationaux dans un monde bipolaire (de 1945 aux années 70)
Notre objectif final est la création d'un magazine à l'aide de l'application Madmagz .

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Un contexte favorable à la décolonisation
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Les débuts de la décolonisation et l’émergence des non-alignés

La Seconde Guerre mondiale a sérieusement ébranlé le système colonial. En effet, les puissances coloniales ont perdu leur prestige d'antan, elles ont soit été vaincues et occupées, comme les Pays-Bas, la Belgique et la France, ou elles sont sorties très épuisées du conflit, comme ce fut le cas pour le Royaume-Uni. Les autochtones, souvent employés pour renflouer les rangs des armées alliées en guerre, éprouvent alors le désir de se défaire des liens qui les unissent encore à une Europe ruinée et exsangue.

De plus, l’émergence de deux grandes superpuissances anticolonialistes, les États-Unis et l’Union soviétique et le nouveau contexte international après 1945 favorisent la

lutte des colonies pour l’indépendance. Ainsi, la Charte des Nations unies réaffirme le «respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes». Ce principe avait déjà été évoqué par le président américain Roosevelt et le Premier ministre britannique Churchill dans la Charte de l’Atlantique signée le 14 août 1941 Au point 3 de cette déclaration solennelle les deux chefs d’États énoncent le principe suivant lequel « Ils respectent le droit de chaque peuple à choisir la forme de son gouvernement et espèrent que les droits souverains et l'autonomie de gouverner seront restitués à ceux qui en ont été privés par la force. »

La décolonisation se fait en deux phases. La première s’étend de 1945 à 1955 et touche surtout les pays du Proche et Moyen-Orient, ainsi que l’Asie du Sud-Est. La seconde phase commence en 1955 et concerne essentiellement l’Afrique du Nord et l’Afrique noire.

Les peuples colonisés d'Asie du Sud-Est sont les premiers à réclamer le départ des Européens et à revendiquer leur indépendance. En février 1947, les Anglais décident d’évacuer l’Inde, qui quelques mois plus tard acquiert son indépendance, non sans devoir faire face à des heurts violents entre la communauté hindoue et musulmane. Le 15 août 1947, cette situation aboutit à la partition du pays en deux États indépendants: L’Inde et le Pakistan. En 1948, le Royaume-Uni accorde également son indépendance à la Birmanie et à l'île de Ceylan, mais la Malaisie devra attendra l’année 1957 avant d’être indépendante.

De son côté, l’Indonésie subit quatre années de confrontation militaire et diplomatique avec les Pays-Bas, avant que ces derniers ne reconnaissent l’indépendance des Indes néerlandaises en décembre 1949.


La France doit aussi faire face aux désirs d’émancipation de ses colonies.Dès 1946, elle est engagée militairement en Indochine dans une guerre coloniale lointaine et coûteuse en vies humaines. Huit ans après le début des hostilités, elle se conclue par la victoire du Viêt Minh (Front de l'indépendance du Viêt-nam) sur les forces françaises. Les accords de Genève du 21 juillet 1954 mettent fin au conflit et la France est contrainte à quitter le pays. Le Viêt-nam est divisé en deux parties: Au Nord du 17e parallèle, la République démocratique du

Viêt-nam et au Sud, le Viêt-nam. L'indépendance du Laos et du Cambodge, proclamée en 1953, est définitivement reconnue.

Une autre vague de décolonisation touche les pays du Proche et Moyen-Orient (Liban, Syrie) et du Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc). Si les protectorats français du Maroc et de la Tunisie se voient accorder par la voie de la négociation leur indépendance en 1956, la situation est toute autre en Algérie. Dès 1945, le pays connaît de nombreuses manifestations nationalistes et indépendantistes qui sont réprimées dans le sang par l’armée française. Les autorités françaises considèrent en effet l’Algérie comme une partie inaliénable du territoire national et ce n'est qu’après huit ans d'une guerre sanglante - qui va de l'insurrection de 1954 à la signature des accords d'Évian en mars 1962 -que le pays acquiert son indépendance.

CVcE
 
Décolonisation de l'Afrique : enfin la liberté !
Souvent citée en exemple, la décolonisation de l’Afrique noire française a pourtant été semée d’embûches et de ruptures. Retour sur les...
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Suite à un entretien avec B. Stora, vous montrerez en quoi l'illustration de cet agenda démontre le déchirement représenté par la décolonisation pour une partie des Français, face à un mouvement de décolonisation à l'échelle mondiale .


Almanach du combattant, 1957
Ministère des armées
 
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France est dans le camp des vainqueurs en grande partie grâce à ses colonies. Et pourtant, de manière extrêmement rapide, en moins de vingt ans (1943-1962), elle perd la plus grande partie de son Empire colonial. Après 1945, s’ouvre en effet la grande période de la décolonisation qui a durablement marqué l’agenda politique mondial. Ce passage d’une sujétion imposée a une souveraineté conquise est concrétise dans l’Empire français par les indépendances définitives du Liban et de la Syrie. La décolonisation atteint aussi l’Empire britannique, qui connait des convulsions considérables. Un mouvement mondial d’éveil des peuples colonises commence. La Seconde Guerre mondiale a en effet été l’occasion d’un affaiblissement considérable des vieux empires coloniaux édifies au XIXe siècle.
Elle voit dans le même temps l’émergence de deux superpuissances, les Etats-Unis et l’URSS, qui se posent directement en rivales des empires français et britannique. Quand le général de Gaulle préside la conférence de Brazzaville en janvier et février 1944, rassemblant la plupart des gouverneurs des territoires de l’Empire, à l’exception notable de l’Indochine toujours sous la coupe de Vichy, il essaie d’anticiper sur ce mouvement général. Si les colonies permettent a la France de s’asseoir à la table des vainqueurs et de rester une grande puissance, il est clair que, dans le même temps, elles ne peuvent plus rester dans le même cadre. D’autant que des 1945 apparaissent les Nations unies, avec la Charte de San Francisco préconisant le droit des peuples a disposer d’eux-mêmes.

Pourtant en mai-juin 1945, avec les massacres en Algérie, dans le Constantinois, le bombardement de Haiphong en Indochine en novembre 1946, la répression de l’insurrection de Madagascar qui fait des dizaines de milliers de morts en 1947, la violence coloniale s’impose, et non la recherche de solutions politiques permettant la mise en place d’une décolonisation acceptée par tous. Le terme, « décolonisation » est encore tabou, il apparaît d’ailleurs fortuitement dans le titre d’un essai d’Henri Labouret et s’impose progressivement, bien plus tard, dans le sillage de la conférence de Bandung en 1955. Les hommes politiques français ont longtemps ignoré ce mot, jugé contraire aux fondements juridiques qui lient la France à l’outre-mer. Le général de Gaulle n’y recourt qu’à partir de 1961 dans une conférence de presse.(...)Les dirigeants de l’époque, en France, ne voient pas l’émergence des nationalismes, largement sous-estimée. Alors que durant les années d’après-guerre, beaucoup de leaders politiques émergent dans les territoires de l’Empire colonial français, comme Hồ Chí Minh au Viêt-Nam, Messali Hadj et Ferhat Abbas en Algérie, Habib Bourguiba en Tunisie
Ce qui préoccupe alors les hommes politiques français, au début des années 1950, c’est le communisme. Intellectuellement, le Sud ne mobilise pas. Ou alors, dans le cadre géopolitique de la Guerre froide. La décolonisation n’est pas une question en elle-même, elle est au mieux dépendante de l’expansion possible de l’URSS. Et pourtant, elle viendra frapper bruyamment à la porte des consciences françaises au début des années 1950.
Benjamin Stora , extrait de la préface Décolonisations françaises. La chute d’un Empire Éditions de La Martinière, 2020